par Sarcignan
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Lymphocyte, journal Ă partir du 12 mai : c’est par ici
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50e, 40e, 30e, 20e, 10e, 1er jour
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57e jour â lundi 11 mai
RĂ©veillĂ© en mĂȘme temps que CB, je descend prendre mon cafĂ©. Elle sâen va, je reste. Les infos ne parlent que de travail et dâĂ©cole. Je vais me recoucher aprĂšs avoir relu la nouvelle des 10 ans. Plus tard, je fais un courrier pour le dĂ©tenu C puis surfe sur le site MDA oĂč, suite aux rĂ©sultats du jeu n°180, fleurissent les commentaires et les critiques constructives.
Je rédige la chronique du 55e et dernier (à ce jour) jour de confinement général en France.
AprÚs un frugal repas, ma fille et moi faisons le ménage : CB rentrera tÎt pour peindre et il faut que tout soit sec !
Ensuite je relis une « ancienne » nouvelle, « Dans les limbes » (Ă©crite en juillet 2019), que jâenvoie dans la foulĂ©e Ă la revue romande « 5e saison » dont lâappel Ă texte pour le 12e numĂ©ro a pour thĂšme « Peau dâĂąme ».
Maintenant, il faut que je dĂ©cide de mon prochain travail dâauteur. Ăcrire une nouvelle histoire ? Modifier des « anciennes » ?
Il va falloir faire les deux de toute façon : jâai retenu onze Ă©chĂ©ances de concours et appels Ă textes entre le 28 mai et le 1er juin !
Pour 4 dâentre elles, jâai des textes adaptables. Pour 7, je nâai rien. Parmi celles-ci, deux mâintĂ©ressent. Lâune parce que ce serait lâoccasion de me faire connaĂźtre chez un Ă©diteur potentiel. Lâautre, parce que cela pourrait renforcer mes liens naissants avec un autre Ă©diteur. Calculateur, moi ? A peine !
DĂšs le retour de CB, nous sortons par temps humide et froid, marchons jusquâĂ la mairie pour y laisser un formulaire de demande de masques que nous avons complĂ©tĂ© aprĂšs lâavoir trouvĂ© dans la boite-aux-lettres. FrigorifiĂ©, jâĂ©courte la balade : une demi-heure suffira, pour une fois ! Finalement, mon Ă©pouse ne peint pas.
AprĂšs un poulet rĂŽti au four (avec patates pour CB, fenouil cuit pour moi), nous regardons un nouvel Ă©pisode de « Dix pour cent », sĂ©rie dont la lĂ©gĂšretĂ© nous plaĂźt toujours. Je me couche en mĂȘme temps que CB : demain matin, je sors !
Photographie : Il pleut, il mouille, câest la fĂȘte aux grenouilles, chante la poule mouillĂ©e.
56e jour â dimanche 10 mai, 39 ans !
Je me lĂšve Ă 7h et lance cafĂ©, thĂ© et une machine de linge couleur (le rouge et le noir) en route. Il fait gris et sec, il ne devrait pas pleuvoir avant la fin dâaprĂšs-midi.
Le sud-ouest est en alerte orange pour les orages, jâai une pensĂ©e pour nos familles.
Sur le site de « Pourtant… », Gilles nâa plus mis mes chroniques en ligne depuis celle du 5 mai et nâa rien Ă©crit sur sa page (https://www.pourtant.fr/a-residence/) depuis la mĂȘme date. JâespĂšre quâil va bien.(*)
Câest le dernier jour avant le dĂ©confinement. Jâimagine que la semaine prochaine va ĂȘtre hystĂ©rique en terme de traitement de lâinformation. Faisons le point :
Un gouvernement dĂ©bordĂ©, un prĂ©sident qui nâest plus en phase avec la rĂ©alitĂ©, des syndicats aux ĆillĂšres de plus en plus grandes, des partis politiques obsolĂštes, une Ă©conomie dĂ©boussolĂ©e qui voudrait que tout redevienne comme avant (si possible en plus libĂ©ral), des populations excĂ©dĂ©es, gavĂ©es de connerie par les chaĂźnes dâinfos continue et les rĂ©seaux sociaux⊠Je sens que je nâai pas fini de bougonner dans mon coin au fur et Ă mesure que la rĂ©alitĂ© sera plus Ă©tonnante et plus dĂ©lirante que les petites histoires que je peine Ă Ă©crire !
Les rĂ©sultats du jeu n°180 du site « Maux dâauteurs » sont affichĂ©s depuis hier (https://www.forum-mda.com/t10206-Les-resultats-du-jeu-N-180.htm). Ma nouvelle « La boucle du temps » est arrivĂ©e en 3e position sur 18. La premiĂšre et la deuxiĂšme place Ă©tant prises par des textes qui lui sont bien supĂ©rieurs, je nâai aucun regret. Maintenant arrive le temps des « critiques constructives » : chacun porte une apprĂ©ciation sur chacune des nouvelles en lice. Câest long Ă faire, mais trĂšs enrichissant. Je publie trois premiĂšres contributions.
Le soleil finit par arriver. Il y a toujours du vent. A 11h, pendant que CB fait un gùteau à la rhubarbe, je tonds les herbes du jardin : ce sera fait avant la pluie. Par la suite, CB passe un coup de rotofil dans les coins. Nous sommes parés !
AprĂšs avoir ramassĂ© le linge sec, je lance un BBQ, le dernier avant quelques jours si les prĂ©visions sâavĂšrent fiables. A deux maisons de la notre, deux parents furieux engueulent un ou des enfants.
AprĂšs avoir lu, dans mon cabinet de lecture (voir photo), quelques pages de « Rage noire » de Jim Thompson (1972, dâune terrible violence psychologique et assez cru), je me remets Ă lâĂ©criture de la nouvelle « 10 ans ».
Entre 15 et 16h, CB tĂ©lĂ©phone Ă sa mĂšre et Ă sa sĆur ; puis nous partons en promenade. Pour une fois, et pour ce dernier jour du (premier ?) confinement, nous changeons dâitinĂ©raire, quitte Ă outrepasser la limite dâun kilomĂštre. Nous prĂ©fĂ©rons nous enfoncer dans la forĂȘt que de respirer les poussiĂšres soulevĂ©es par les engins agricoles et balayĂ©es par les rafales de vent. Seule S rouspĂšte : elle nâaime pas les insectes qui nous frĂŽlent le visage et les plantes qui nous piquent les chevilles !
Au retour, je goûte et je vais à la douche pendant que CB attaque à son tour le repassage.
Nous nous prĂ©parons un bon repas. Pour fĂȘter le dernier jour du confinement ? CB rĂ©pond que câest pour les 39 ans de la premiĂšre Ă©lection de Mitterrand. Nous avions 17 ansâŠ
Nous mangeons en terrasse une excellente basse-cĂŽte avec pommes de terre sautĂ©es et salade verte, suivis dâune grosse part de gĂąteau Ă la rhubarbe. Mon rĂ©gime prend une claque et demain, tout nu, je pleurerai debout sur ma bascule impitoyable.
Au-dessus des Vosges de gros nuages sâamoncellent. Je range la terrasse, protĂšge le BBQ et couche les chaises : ce soir et cette nuit, orage et rafales de vent sont attendus.
Nous regardons le 3e Ă©pisode de « Dix pour cent », avec en guest-stars Laura Smet et Nathalie Baye. Plus tard, je me remets Ă la nouvelle des 10 ans, qui dĂ©borde maintenant largement les 5 000 caractĂšres imposĂ©s. Jâen fais un version plus courte pour le jeu. Et jâai dĂ©jĂ ma petite idĂ©e pour la version longue : un concours pour lequel je nâavais rien Ă prĂ©senter⊠jusquâĂ prĂ©sent !
Photo : Mon cabinet de lecture. La statuette a été choisie par ma fille quand elle était petite et déjà insolente !
(*) Note de l’Ă©diteur : oui, 3 jours trĂšs chargĂ©s, oĂč notre comitĂ© de lecture a terminĂ© le choix des textes du n°1 de Pourtant, choisi l’imprimeur et fixĂ© le prix et mis en place l’abonnement Ă la revue Pourtant.
55e jour â samedi 9 mai
AprĂšs une bonne nuit et une grasse matinĂ©e, CB part faire des courses Ă Soultz. La pluie ne sâannonçant toujours pas, jâarrose les plantes du jardin et du potager car il fait dĂ©jĂ beau et chaud.
Je reviens sur ma dĂ©cision de ne faire quâune cafetiĂšre par jour car, depuis, CB (en week-end) et S (dans son lait du petit-dĂ©jeuner) se sont mises Ă en boire.
AprĂšs le BBQ, difficile Ă dĂ©marrer Ă cause des rafales de vent, jâattaque pĂ©niblement le texte pour les 10 ans du site MDA. Jâai une trĂšs bonne idĂ©e de ce que je veux obtenir, mais les mots ne viennent que de façon laborieuse. Il y a 30 ans, la premiĂšre fois que je me suis lancĂ© dans lâĂ©criture, câest ce qui mâavait poussĂ© Ă arrĂȘter : la pĂ©nibilitĂ© de lâĂ©criture. Je voulais que tout arrive de façon fluide. Aujourdâhui, je sais me forcer Ă Ă©crire malgrĂ© tout. Il en reste toujours quelque chose que je peux retravailler par la suite. Je jette donc quelques centaines de signes, dessinant la structure de lâhistoire et les premiĂšres phrases provisoires. Le titre de la nouvelle a dĂ©jĂ changĂ© 3 fois quand je mâarrĂȘte pour prendre mon « goĂ»ter » : une barre de cĂ©rĂ©ales protĂ©inĂ©e fournie au prix du caviar par le cabinet de diĂ©tĂ©tique qui mâaccompagne dans mon rĂ©gime.
Nous avions prĂ©vu la promenade Ă 16h00 mais CB se lance dans une longue conversation tĂ©lĂ©phonique avec son amie de Bordeaux, celle qui est cadre supĂ©rieur au CHU de Bordeaux. Nous partons donc vers 17h00. Il y a beaucoup de vent et nous abandonnons vite notre itinĂ©raire au milieu des champs, traversĂ©s par des nuages de poussiĂšre ! Nous continuons dans le village puis en lisiĂšre de forĂȘt, oĂč je salue â comme câest devenu une habitude, les arbres et les animaux de la part du dĂ©tenu C. En marchant, CB me fait part dâun message de son frĂšre. Il habite en Bretagne et prend de nos nouvelles en lisant les « chroniques du Foyer de contamination ».
Le soir, aprĂšs le BBQ, nous regardons les dĂ©buts de « Docteur », comĂ©die avec Michel Blanc, « Jeanette » et « Jeanne », deux films du captivant Bruno Dumont (CB dit que ses films doivent ĂȘtre vus au cinĂ©ma : Ă la maison, on a vite envie de faire autre chose !) Finalement nous nous mettons dâaccord sur le joli film « Lâincroyable histoire du facteur Cheval », de Nils Tavernier avec Gamblin et Casta.
Au moment de clore cette chronique, je me souviens quâun lecteur assidu a posĂ© la question : mais quand faites-vous lâamour ? Cela ouvre le thĂšme de la sexualitĂ© en temps de confinement. On se doute dĂ©jĂ quâil pourrait y avoir un sursaut de natalitĂ© dans 7 Ă 9 mois !
Ce ne sera pas notre cas : bien que jeunes mariĂ©s, nous avons largement passĂ© lâĂąge de la reproduction et nous ne faisons lâamour que pour le plaisir. Ce qui a changĂ© pour nous, câest :
â le retour de ma fille Ă la maison, ce qui rĂ©duit notre terrain de jeux Ă la seule chambre Ă coucher ;
â la fatigue de CB qui fait que nous sommes devenus « du matin » alors que nous Ă©tions plutĂŽt « du soir » ! Le week-end, par contreâŠ
Dâautres questions ?
Photographie : Une autre vue de notre jardin cÎté rue : le figuier et la roue de charrette.
54e jour â vendredi 8 mai
AprĂšs une matinĂ©e plus grasse que dâhabitude, nous nous levons tout de mĂȘme : aujourdâhui doit se produire lâopĂ©ration du transfert de la valise de G, ma collĂšgue hospitalisĂ©e. CB se rend chez elle oĂč le compagnon de G, qui a leurs trois marmots sur les bras, lui remet ladite valise. CB part ensuite Ă Colmar la dĂ©poser dans le service.. RestĂ© Ă la maison, je suis en charge de transmettre aux unes et aux autres les SMS Ă©ventuels.
LâĂ©diteur JFE accuse rĂ©ception de mes propositions de photos de graffitis sexuels⊠il se dĂ©clare surpris et indique que lâartiste photographe en charge du projet sera seule juge !
AprĂšs lâavoir soigneusement verni, CB accroche son totem sur lâun des murs du salon. Il a fiĂšre allure.
Nous nous promenons de bonne heure, dans le village et le long du Quatelbach. Ensuite, jâattaque une Ă©norme pile de repassage pendant que CB fait des croquis pour son prochain totem.
Le soir, nous regardons le dĂ©but du film « Beau-Parents » avec Balasko, Bourdon, BĂ©nabar. Cela nous lasse trĂšs vite et nous regardons lâexcellent « Blanche comme neige » de la non moins excellent rĂ©alisatrice Anne Fontaine. Distribution au top, histoire entre innocence et perversitĂ©, humour dĂ©calé⊠tout ce que jâaime. Et CB aussi !
Photographie : Comme dit un (récent) dicton alsacien, « La cigogne se fout du confinement. »
53e jour â jeudi 7 mai
AprĂšs une bonne nuit de sommeil, nous sommes tirĂ©s du lit par le rĂ©veil de CB qui doit partir au combat quotidien. Les soignantes* fatiguĂ©es se font de moins en moins dâillusion sur « lâaprĂšs » : elles ne seront pas valorisĂ©es dans leur mĂ©tier, leur hiĂ©rarchie leur demandera de nouveau de remplir les tableaux de statistiques plutĂŽt que dâĂȘtre auprĂšs des patients.
Le beau temps se maintient avec insolence. Il est toutefois annoncĂ© un coup de froid pour le 11 mai. Tu mâĂ©tonnes.
Alors que je prĂ©pare un courriel pour mon chef, je reçois un message dâune collĂšgue qui mâenvoie un nouveau courrier du dĂ©tenu C et mâannonce que la collĂšgue qui partage mon bureau est hospitalisĂ©e en urgence pour un problĂšme non liĂ© au Covid-19.
Pour le 2e jour de suite, jâai du mal Ă me mettre Ă Ă©crire (en dehors de la chronique). Il faut pourtant que jâattaque la nouvelle pour les 10 ans du site MDA. Jâai tout ce quâil faut, yapuka. Mais je prĂ©fĂšre aller me recoucher. Câest pas encore ça, le rythme idĂ©al de sommeil !
Nouvel appel de ma collĂšgue : elle me demande si, avec lâaide de CB, il serait possible de faire passer une valise Ă notre collĂšgue hospitalisĂ©e qui est partie sans rien. Je contacte CB qui accepte de faire ça demain matin. Câest elle qui va se coltiner le travail : elle seule a un laisser-passer valide en cas de contrĂŽle !
Dans lâaprĂšs-midi, je reçois mes trois exemplaires du numĂ©ro 3 de la revue « La clartĂ© sombre des rĂ©verbĂšres » : un pour moi et les autres pour des amis qui ont groupĂ© leur commande avec la mienne. La revue est magnifique. Couverture bicolore, cent pages en grand format pleines de textes et dâillustrations. Ma photographie est bien exposĂ©e, en pleine page. Mon texte « Ămancipation » est bien situĂ©, partageant une page avec une photographie amusante. HĂ©las, il est signĂ© de mon pseudo de photographe et non de mon nom dâauteur.
Pendant la marche, nous Ă©changeons des appels tĂ©lĂ©phoniques avec mes collĂšgues pour mettre au point le transfert de la valise (ça fait roman dâespionnage, non ?). Cela nous ralentit et ma fille, lassĂ©e dâattendre, disparaĂźt bientĂŽt Ă lâhorizon !
Au retour, je fais griller deux magrets marinĂ©s que nous mangeons avec une grosse salade. CB a apportĂ© un dessert pour S et moi : le gĂąteau chocolat-banane de son repas de midi Ă lâhĂŽpital. Pas mauvais!
Le soir, interpellĂ©s par la grosse promotion faite sur France Inter et TĂ©lĂ©rama.fr, nous regardons un Ă©pisode et demi de « Lâagent immobilier », avec Almaric dans le rĂŽle titre. Nous dĂ©cidons de ne pas regarder la suite : câest un peu lourd pour la saison
Pour finir, je travaille une série de photographies de graffitis à caractÚre sexuel, pour proposer à la collection Carré Noir des éditions JFE.
* Je dĂ©cide de fĂ©miniser le terme, vu que les femmes sont largement majoritaires sur le terrain. Les hommes se contentent de parler dans les mĂ©dias, dâassurer les postes de direction et dâavoir les meilleurs salaires.
Photographie : Un recueil de 64 photos comme celle-là , ça plairait, non ? Ah, bon.
52e jour â mercredi 6 mai
Enfin une bonne nuit de sommeil. Je me rĂ©veille bien aprĂšs que CB soit partie. Elle a fait du cafĂ© et mâa laissĂ© un muffin au chocolat noir, un don quâelle a rçu de sâdlanoDcM, la veille Ă lâhĂŽpital. Je me rĂ©gale â bien sĂ»r, jâai honte parce que câest de la malbouffe, mais pas au point de refuser : jâadore le chocolat noir, dont je suis en manque depuis des mois que je suis au rĂ©gime !
Compensation morale : jâai encore perdu du poids. Je suis en dessous de 82kg pour la premiĂšre fois depuis⊠2010 ! Plus que 7kg pour atteindre mon objectif.
Jâai des Ă©changes tĂ©lĂ©phoniques avec mes collĂšgues puis mon chef. LâAdministration pĂ©nitentiaire repousse la reprise des personnes vulnĂ©rables dâune semaine aprĂšs le dĂ©confinement « officiel », soit le 18 mai. Mon supĂ©rieur me demande dâobtenir dâici lĂ un certificat mĂ©dical autorisant la reprise et indiquant les Ă©ventuelles contraintes spĂ©cifiques (port du masque, horaires, interactions avec le public dĂ©tenu et les collĂšgues, etc.) Le secrĂ©tariat de mon mĂ©decin propose un rendez-vous pour le soir mĂȘme. Le praticien me rappelle peu aprĂšs pour faire le point : il aurait plutĂŽt tendance Ă me maintenir Ă domicile en attendant que la situation globale Ă©volue. Je lui dis que je souhaite en parler de vive voix avec lui et nous maintenons le rendez-vous de fin de journĂ©e.
En milieu dâaprĂšs-midi je prends mon vĂ©lo pour aller Ă la poste du bourg dâĂ cĂŽtĂ©, le relais de mon village Ă©tant fermĂ©. Je fais la queue dans la rue pendant une petite heure. Personne ne sâĂ©nerve, les distances sont respectĂ©es. Je profite du soleil.
Au retour de CB nous allons ensemble voir mon mĂ©decin, qui finalement dĂ©cide de me maintenir en isolement pendant les deux semaines qui suivront le « dĂ©confinement officiel », pour voir comment cela se passe. Le risque dâun rebond des contaminations nâest pas exclu, avec une nouvelle saturation des hĂŽpitaux. Nous faisons la promenade tous les trois. CB passe beaucoup de temps au tĂ©lĂ©phone avec ses frĂšres et sĆurs pour parler de la santĂ© de leur mĂšre.
AprĂšs une cĂŽte de bĆuf grillĂ©e au BBQ (dĂ©gustĂ©e Ă lâintĂ©rieur car la fraĂźcheur arrive vite), jâai DN au tĂ©lĂ©phone pour ses corrections de la nouvelle sur les voyages dans le temps. Il ne reste plus quâĂ lâimprimer et lâenvoyer par courrier. Ensuite CB et moi regardons « Diplomatie », excellent film de lâexcellent Volker Schlöndorff avec les non-moins excellents Niels Arestrup et AndrĂ© Dussolier.
Photographie : Un de ces endroits devant lesquels nous passons chaque jour. JusquâĂ en perdre le goĂ»t ?
51e jour â mardi 5 mai, au bord de lâIll
Je me rĂ©veille vers 4h30, je me lĂšve et allume lâordinateur pour rĂ©Ă©crire les Gooseneck et donner un nouveau titre. Le titre dâune nouvelle est un Ă©lĂ©ment extrĂȘmement important et peut donner toute sa saveur Ă un texte. TrĂšs souvent, sauf si jâai eu une illumination dĂšs le dĂ©but, je change le titre dâune nouvelle Ă plusieurs reprises en cours dâĂ©criture.
Inquiet de mes nuits courtes et hachĂ©es, je dĂ©cide de limiter ma consommation de dĂ©ca Ă 1 cafetiĂšre par jour, et uniquement le matin : le dĂ©ca contient de la cafĂ©ine, mĂȘme en faible quantitĂ©, et jây suis trĂšs sensible.
Je vais me recoucher un peu avant que le rĂ©veil de CB ne sonne. Nous nous levons ensemble pour le petit dĂ©jeuner. Elle a reçu de mauvaises nouvelles de sa mĂšre qui continue Ă sâaffaiblir.
Il fait gris, venteux, il pleuviote. Je continue Ă modifier les Gooseneck, puis rĂ©dige la chronique de lundi, 50e jour. Cinquante ! Ce que nous vivons est tellement bizarreâŠ
Je passe une grande partie de la journĂ©e Ă travailler des photographies pour les passer en noir et blanc et leur donner un format carrĂ©. Câest long, mais jâaime ça : comment transformer une photo tout en lui donnant du sens ! Le recadrage doit ĂȘtre judicieux.
Jâai quelques Ă©changes tĂ©lĂ©phoniques avec mes collĂšgues pour le travail. Elles me disent que mon chef ne devrait pas tarder Ă mâappeler pour parler de ma reprise et me conseillent de prendre rendez-vous chez mon mĂ©decin pour avoir son avis. Jâobtiens une consultation pour demain Ă 17h10.
CB rentre Ă©puisĂ©e. Nous marchons une demi-heure jusquâau bourg pour voir si le relais de la Poste est ouvert : il ne lâest pas.
AprĂšs le repas, nous corrigeons ensemble les Gooseneck et la chronique du lundi pour « Pourtant… » avant de regarder un deuxiĂšme Ă©pisode de « Dix pour cent ».
Photographie : En se promenant au bord de lâIll, on croise canards, corneilles, hĂ©rons, milans et cygnes.
50e jour… lundi 4 mai
Le nombre de décÚs liées au coronavirus en France est désormais supérieur à 25 000. Il reste une semaine avant la date fixée pour déconfinement.
Aujourdâhui, câest :
â lâanniversaire de ma mĂšre, je lui envoie un mail avec des nouvelles de nous trois. Je suppose quâelle ne rĂ©pondra pas.
â jour de mĂ©nage. Plumeau, aspirateur, lessives, dĂ©bouchage du lavabo obstruĂ© par les longs cheveux de ma fille. Fille aprĂšs laquelle je mâĂ©nerve : elle est censĂ©e participer au mĂ©nage mais elle le fait vite et mal.
Il fait encore une fois grand soleil. Je reste sur mon ordinateur Ă travailler une sĂ©rie de photos que je compte proposer pour la nouvelle collection que lance lâĂ©diteur Jacques Flament : des petits livres carrĂ©s (13×13 cm) Ă prix Ă©conomique. Signe encourageant : il faut des sĂ©ries de 64 et câest mon nombre fĂ©tiche !
En rentrant du travail, CB prĂ©pare un fondant au chocolat. DĂšs quâil est sorti du four, nous allons nous promener. Alors que je quitte le chemin pour aller baptiser un arbre, jâaperçois une carte dâidentitĂ© sur un chemin perpendiculaire. Ayant les mains prises, je le signale Ă CB qui va la rĂ©cupĂ©rer. Lâadresse indiquĂ©e se situe dans notre village. Nous dĂ©cidons dây aller tout de suite. Au bout de quelques minutes nous croisons un cycliste qui nous demande si nous nâaurions pas trouvĂ© une carte dâidentitĂ© : câĂ©tait celle de sa femme.
Plus loin, nous trouvons lâapiculteur en plein travail. Il nous explique quâil enfume une ruche pour regarder sâil y a une jeune reine Ă lâintĂ©rieur. AprĂšs le BBQ, nous nous rĂ©galons du fondant. CB me propose beaucoup dâamĂ©liorations pour la nouvelle des Gooseneck et il est trop tard pour regarder une sĂ©rie : Ă partir de demain elle travaille trois jours Ă la blanchisserie et elle veut ĂȘtre en forme car le travail y est dur.
Je reçois un message des animateurs de « Pourtant… ». La question se pose de ce que nous pourrions faire Ă la fin du confinement, dâun point de vue Ă©ditorial.
Elle se pose aussi pour le reste : je stresse sérieusement quand je pense à la reprise.
Photographie : Le totem de CB, qui sâinspire du tableau « Orage sur le blĂ© » de Marcel Gromaire (1939).
49e jour â dimanche 3 mai, lessivĂ©
Je me lĂšve peu avant 7h. Je continue la nouvelle des Gooseneck (Voyage dans le temps). Jâen suis Ă ce stade de lâĂ©criture oĂč les premiĂšres lignes ont Ă©tĂ© Ă©crites, oĂč lâhistoire a maturĂ© dans ma tĂȘte. Câest lĂ quâarrive le plaisir : les mots viennent dâeux-mĂȘmes, lâhistoire mâemporte et mâemmĂšne mĂȘme parfois ailleurs quâescomptĂ©, pour mon plus grand bonheur.
Au final, le texte est trop long et comporte des informations utiles pour le roman mais pas pour la nouvelle. Je crĂ©e donc un second fichier dans lequel je coupe tout ce qui peut lâĂȘtre, quitte Ă modifier sensiblement lâhistoire. Ce nâest pas trĂšs difficile Ă faire, beaucoup moins que dâallonger, dâĂ©toffer une histoire trop courte. Dans cet exemple, je supprime un personnage dont la prĂ©sence ralentit le rĂ©cit sans rien lui apporter. Il nâapparaĂźtra que dans le roman. Je termine le premier jet avant le repas de midi.
Nous faisons une lessive des vieux pantalons que jâai essayĂ©s hier et dans lesquels je rentre Ă nouveau grĂące Ă mon rĂ©gime (-12 kg), puis je lance le BBQ.
Dans le jardin, je discute un moment avec notre jeune voisin qui prend lâair avec sa femme, leur fille dâenviron 3 ans et leur nourrisson. Nous les croiserons plus tard en faisant notre promenade quotidienne.
Je continue Ă travailler ma nouvelle, qui avance bien et vite. A cĂŽtĂ© de moi, CB peint un totem en sâinspirant dâune Ćuvre de Marcel Gromaire. Nous finissons tous les deux avant le repas. Son totem est une merveille et je suis content de mon histoire.
Mon histoire, conçue comme lâun des chapitres (probablement le final) dâun futur roman, doit ĂȘtre raccourcie et simplifiĂ©e pour rĂ©pondre aux consignes du concours auquel je vais la prĂ©senter.
Le soir, nous regardons le premier Ă©pisode de la sĂ©rie française « Dix pour cent ». Câest vif et gai, avec des acteur-es attachants : excellent pour notre moral.
Plus tard, je commence Ă chercher dans mes photographies de quoi faire une proposition pour une nouvelle collection de petits livres carrĂ©s lancĂ©e par lâĂ©diteur JFE.
Photographie : Trop de légÚreté peut conduire à une pantalonnade.
48e jour â samedi 2 mai, les limites de Brad Pitt
Je me lĂšve de nouveau avant 7h, motivĂ© par le besoin impĂ©rieux dâĂ©crire ma chronique du premier mai. Jâaime Ă©crire quand tout le monde dort, que ce soit tĂŽt le matin (ne dites pas ça Ă mes collĂšgues : jâarrive toujours en dernier au travail) ou tard le soir.
Mon poids a encore baissĂ© : ça me file la pĂȘche ! Je savoure un breakfast tea et câest parti ! Plus tard, je me recouche auprĂšs de CB jusquâĂ ce quâelle se rĂ©veille. AprĂšs le petit dĂ©jeuner, elle part faire les courses et je nettoie le frigidaire de fond en comble, ou plutĂŽt du bac Ă lĂ©gumes jusquâau freezer.
â Tu nâes pas prĂšs de sortir, me dit CB en rentrant.
Elle est ulcĂ©rĂ©e par le comportement des gens qui font des courses Ă plusieurs, sâarrĂȘtent pour papoter dans les allĂ©es, utilisent mal leurs masques. MĂȘme la file dâattente Ă lâentrĂ©e du magasin est gĂ©rĂ©e nâimporte comment.
En attendant les informations de 13h sur France Inter, que nous Ă©coutons souvent avant le repas, je commence Ă rĂ©pondre au courrier hebdomadaire du dĂ©tenu X. Je le termine avant la promenade que nous faisons Ă trois, entre les flaques dâeau, sous un soleil trĂšs agrĂ©able.
Au moment de me remettre Ă ma nouvelle, je prends connaissance de plusieurs appels Ă textes et Ă photographies de lâĂ©diteur Jacques Flament qui, pour lutter contre la rĂ©cession, prĂ©fĂšre multiplier les projets plutĂŽt que de se replier. Câest enthousiasmant, jâai pas mal de choses Ă lui proposer.
Le soir nous regardons « Ad astra », film de science-fiction lent et long, mĂ©lange bavard de « Solaris » (celui de Tarkovski, ou mĂȘme celui de Soderbergh) et de « 2001 ; OdyssĂ©e de lâespace » sans en avoir la portĂ©e philosophique ou la magie. Brad Pitt montre ses limites dâacteur : lâinsensibilitĂ© du personnage se traduit pour lui par une inexpressivitĂ© lassante. On dirait du Stalone. Câest un point sur lequel CB nâest pas du tout dâaccord avec moi.
Avant de nous coucher, je fais une sĂ©ance dâessayage des pantalons que je ne pouvais plus mettre depuis des annĂ©es Ă cause de ma prise de poids. Ma garde-robe prend de lâampleur !
Photographie : Malgré les apparences, nous ne sommes ni sur la paille ni au bout du rouleau.
47e jour â vendredi 1er mai, mes revendications (et oĂč le lecteur dĂ©couvre enfin le boulodrome)
Je fais lâeffort de rester au lit jusquâĂ 9h⊠câest CB qui prĂ©pare le petit dĂ©jeuner. Bonne surprise : mon poids a franchement baissĂ©. Le palier serait-il franchi ?
Il fait beau et trĂšs venteux. CB a prĂ©vu que nous nous occupions des impĂŽts et que nous plantions des tomates. Pendant que je rĂ©dige la chronique dâhier et enchaĂźne sur la nouvelle pour le concours « Voyage dans le temps » Ă remettre avant le 12, CB commence Ă lire « DĂ©voilements » (voir chronique du 41e jour) puis prĂ©pare un risotto aux asperges pour S et elle. Je nâai pas droit aux fĂ©culents pour le moment.
S envoie son dernier devoir dans les derniĂšres minutes du temps imparti. Elle est maintenant en vacances universitaires.
AprĂšs un peu dâĂ©criture pour moi et de lecture pour CB, nous passons Ă la dĂ©claration dâimpĂŽts. Deux heures dâagacements, surtout pour CB qui fait la plus grosse partie du travail.
AprĂšs la promenade, CB plante des pieds de tomates pendant que je fais du poulet au BBQ.
Le soir, nous regardons « Gauguin : voyage Ă Tahiti » avec Cassel dans le rĂŽle titre. Film qui mâa peu intĂ©ressĂ©, centrĂ© sur lâhistoire dâamour avec une femme polynĂ©sienne et les problĂšmes dâargent et de santĂ© du maĂźtre. Un passage sur WikipĂ©dia (Ă laquelle je contribue pour deux euros par mois : et si vous en faisiez autant ?) mâapprend dâune part que Gauguin nâavait pas le diabĂšte, mais la syphilis, et dâautre part quâil vivait avec des prostituĂ©es de moins de 15 ans. A quoi peut donc servir ce film qui rĂ©Ă©crit lâhistoire ?
Il nâa Ă©chappĂ© Ă personne que nous sommes le 1er mai. Comme tous les ans je rĂąle dĂšs que jâentends parler de « fĂȘte du travail ». Dois-je rappeler que le Premier Mai est une journĂ©e internationale de revendications des travailleurs et que la date correspond Ă une manifestation dâouvriers qui a tournĂ© au massacre, en 1886 Ă Chicago ?
FĂȘter le Premier Mai, ce serait comme fĂȘter la Saint BarthĂ©lĂ©my pour les protestants !
AprÚs cette mise au point, je ne peux plus me défiler (jeu de mot) et, donc, voici mes revendications :
â Prendre le SMIC comme rĂ©fĂ©rence de la grille des revenus, et lâindexer sur le seuil de pauvretĂ© : il doit en faire le double.
â CrĂ©er un revenu universel Ă©gal Ă 75 % du SMIC, dĂ©gressif en fonction des revenus mensuels et ne permettant pas de dĂ©passer le SMIC.
â Indexer tous les revenus sur le SMIC, Ă commencer par les indemnitĂ©s des Ă©lus qui ne pourront plus sâoctroyer des revenus dĂ©connectĂ©s de la rĂ©alitĂ©. Le plus haut revenu public ne pourra excĂ©der 4 x le SMIC (ce qui aujourdâhui reviendrait Ă 4 800 euros nets).
Câest une façon de crĂ©er de la solidaritĂ© : si nos Ă©lus et nos hauts fonctionnaires veulent gagner plus, ils ne pourront le faire quâen augmentant les plus faibles revenus et lâĂ©cart de revenu restera stable au lieu de sâaccroĂźtre. Ou alors ils iront travailler dans le privĂ© (rappelons que suite aux enseignements de la pandĂ©mie Covid-19, le privĂ© se verra retirer dans quelques semaines toute responsabilitĂ© et activitĂ© concernant les secteurs de la santĂ©, de la sĂ©curitĂ©, de la gestion de lâeau et de lâĂ©nergie, de lâĂ©ducation, nâest-ce pas ? Non ? Ah, bon).
VoilĂ , câest tout pour ce Premier Mai. Jâai dâautres propositions, mais on en parlera plus tard⊠quand ces premiĂšres mesures auront Ă©tĂ© appliquĂ©es !
Photographie : Le boulodrome est nettoyĂ©. Il ne manque plus que lâanisette et les boules.
46e jour â jeudi 30 avril, notre longe
Levé à 6h00, le jardinier tout neuf qui est en moi depuis 6 semaines est satisfait : il pleut la nuit et il fait soleil le jour, que demander de plus ?
Câest le dĂ©but de ce qui devait ĂȘtre un long week-end : CB et moi avions posĂ© notre jeudi depuis longtemps. Nous devions aller visiter lâexpo Gromaire Ă Roubaix avec des amis. Il faudra se contenter du film :
AprĂšs avoir bien avancĂ© dans ma nouvelle sur les Gooseneck et avoir corrigĂ© et envoyĂ© la nouvelle « apocalyptique » (merci DN), jâenvoie un courriel Ă mon chef pour savoir comment se passera la reprise. Il me rĂ©pond dans la matinĂ©e que rien nâest encore dĂ©fini mais que, personne vulnĂ©rable dans un dĂ©partement classĂ© rouge, il est possible que je ne fasse pas partie des personnes qui reprendront dĂšs le dĂ©but ! Sachant la charge de travail quand on a Ă©tĂ© absent trois semaines de congĂ©s, je me demande ce que je vais trouver aprĂšs deux mois : un millier de courriels ? Cinq cents courriers ? Combien de rapports en retard ? Combien de temps avant de sortir la tĂȘte hors de lâeau ?
AprĂšs un repas de moules mariniĂšres petites et caoutchouteuses (Ă juste titre, lâAlsace nâest pas rĂ©putĂ©e pour ses fruits de mer), nous allons marcher une heure. Nous sommes contrĂŽlĂ©s par deux gendarmes en voiture qui nous demandent nos papiers dâidentité⊠que nous nâavons pas car on ne nous les avait pas demandĂ©s les fois prĂ©cĂ©dentes !
Le soir, repas sur le pouce. Nous avons une conversation tĂ©lĂ©phonique avec nos chers amis JG qui nous manquent beaucoup. Ils sont Ă Strasbourg⊠si loin maintenant que notre longe ne fait plus quâun kilomĂštre.
Plus tard, nous essayons plusieurs films mais aucun ne nous convient. Nous nâavons pas Ă©tĂ© surpris par « Le braconnier de Dieu » que nous avons voulu dĂ©couvrir aprĂšs ma chronique du 38e jour. La distribution Ă©tait claire ; il sâagit bien dâune comĂ©die Ă la française des annĂ©es 70-80 : Pierre Mondy, Annie Cordy, Jean Lefebvre, Michel Galabru, Daniel Ceccaldi, Jean-Pierre Darras, Catherine AllĂ©gret , Rosy Varte, Odette Laure, Marthe Mercadier, Paul PrĂ©boist, Roger Pierre, Bernard Haller, Robert Castel, Henri GenĂšs⊠il nâen manque aucun ! AprĂšs 15 minutes de jeu lourdingue et de clins dâĆils appuyĂ©s, nous passons Ă autre chose. Lisez le livre !
« I am mother » semble un excellent film de science-fiction. Mais câest un huis-clos et, en pĂ©riode de confinement, la charge dâangoisse nâĂ©tait pas tenable pour nous. Nous arrĂȘtons au bout dâune demi-heure. Nous regardons le dĂ©but de « HĂŽtel du Nord » mais le cĆur nây est plus. Dodo.
Photographie : Le voile dâune roue de tracteur, dans un champ de cĂ©rĂ©ales qui borde notre « parcours santĂ© ».
45e jour â mercredi 29 avril, planter des tomates
LevĂ© Ă 5h30, je surfe, prĂ©pare le cafĂ©, relis la nouvelle apocalyptique et lâenvoie Ă DN pour correction. Elle mâenverra plus tard un sms pour quâon fasse les corrections demain matin, dernier jour de lâappel Ă textes. Vers 8h00 jâamĂšne CB Ă son travail, ensuite je passe au cabinet de diĂ©tĂ©tique retirer mes complĂ©ments alimentaires pour les deux prochaines semaines (170 euros, quand mĂȘme ! Mon portefeuille maigrit plus vite que moi) et Ă la pharmacie du bourg dâĂ cĂŽtĂ© avec les prescriptions du dermato. Je comptais passer Ă la poste pour y affranchir ma lettre Ă Charlie Watts, mais il y a la queue dans la rue⊠Rien ne presse !
A la maison, je fais une lessive et surfe au lieu dâĂ©crire. Il fait alternance de gris et soleil. Pas de pluie. Je vais dehors et termine de nettoyer le boulodrome. Il est superbe !
Je reçois un courriel du travail : une nouvelle lettre du détenu C, qui me parle de la solitude dans laquelle il vit le Ramadan et les interrogations que cela suscite dans son rapport à la religion et aux autres. Il apprécie que je lui parle de mes promenades et me demande de saluer les arbres de sa part.
Au moment oĂč jâĂ©cris enfin la premiĂšre phrase de ma nouvelle, je reçois un sms de CB : il est lâheure dâaller la chercher ! Je file Ă lâhĂŽpital. En doublant quelques milliers de camions sur lâautoroute, je me rends compte que lâembrayage de lâAlfa patine beaucoup. Des frais Ă prĂ©voir !
Nous passons au retour par Guebwiller, retirer des plants de tomates chez une collĂšgue de CB.
Il sâest remis Ă faire beau, nous sortons faire notre marche mais CB peine Ă marcher. Elle est pĂąle, les traits tirĂ©s. Nous rentrons tranquillement.
AprĂšs le repas, nous regardons le reportage « Fessenheim, le dĂ©but de la fin du nuclĂ©aire ». Dâhabitude, dans ce genre dâĂ©mission, les opposants ont lâair dâexaltĂ©s et les tenants du nuclĂ©aire de gens posĂ©s et raisonnables. Câest exactement lâinverse que lâon perçoit : les antinuclĂ©aires font calmement le constat de la fin dâun systĂšme qui a atteint ses limites, alors que les pronuclĂ©aires sâaccrochent Ă leur rĂȘve. Ils voudraient que les centrales nuclĂ©aires distribuent Ă©ternellement des emplois aux locaux et des financements aux communes. Ils nient lâobsolescence des installations, la difficultĂ© croissante dâapprovisionnement en combustible, la problĂ©matique des dĂ©chets dont on ne sait plus quoi faire. AprĂšs 60 ans dâidĂ©ologie, la simple rĂ©alitĂ© Ă©conomique fait que la luciditĂ© et lâirrationnel ont Ă©changĂ© leurs camps ! Ce nâest peut-ĂȘtre pas pour ien que ça a Ă©tĂ© diffusĂ© hier Ă 23h10…
Plus tard, dans la soirĂ©e, jâapprends que ma nouvelle dâanticipation « Obsolescence non programmĂ©e » est retenue pour paraĂźtre dans un recueil en dĂ©cembre, chez Flatland Ăditions. Yeess !
Photographie (prise Ă Paris en 2014) : Au 45e jour, le gouvernement nous apprend que des dĂ©partements passeront au rouge et dâautres au vert. Je me demande quelle sera la couleur rouge du Haut-Rhin.
44e jour â mardi 28 avril, ça devient long, cette histoire !
LevĂ© Ă 5h, jâĂ©coute de la musique jusquâau rĂ©veil de CB vers 6h45. Je lui ai prĂ©parĂ© son petit dĂ©jeuner. Une collĂšgue passe la prendre car jâai besoin de la voiture pour aller Ă Colmar cet aprĂšs-midi. Je la ramĂšnerai depuis lĂ -bas. Je me recouche vers 8h et me lĂšve Ă 9h30. Mes heures de sommeil ne ressemblent Ă rien !
CB mâa laissĂ© des corrections pour la nouvelle apocalyptique. Je prends ses remarques en compte et lui renvoie le texte.
Ma fille prend son petit dĂ©jeuner vers 10h15. Je la reverrai pour le dĂ©jeuner : non contente dâĂȘtre confinĂ©e Ă la maison, elle se confine dans sa (grande) chambre !
Je rĂ©dige quelques mots en anglais Ă lâattention de Charlie Watts Ă qui je compte envoyer une nouvelle (en français) dont il est le hĂ©ros : cela raconte le jour oĂč il apprend la mort de Mick Jagger. Pas sĂ»r que cela lui parvienne, ni quâil sache lire le français (je nâai pas traduit la nouvelle), ni que ça lui plaise. Mais je mâen voudrais de ne pas le faire.
Il fait gris et venteux mais il ne pleut pas, malgrĂ© les promesses de la mĂ©tĂ©o. Je continue Ă prĂ©parer la rĂ©daction de la nouvelle des Gooseneck en faisant des recherches sur les opportunitĂ©s Ă©conomiques crĂ©Ă©es par le Brexit pour des entreprises britanniques. Je nâen trouve pas, il va falloir que jâadapte lâhistoire (et le futur roman) en consĂ©quence.
Le rendez-vous chez le dermato se passe trĂšs cordialement. Nous portons chacun un masque mĂ©dical. En face de son cabinet se trouve une adorable petite Ă©glise, Saint François dâAssise, trĂšs contemporaine, que jâaimerais bien visiter un jour. Je retrouve CB prĂšs de la gare, elle est Ă©puisĂ©e dâune longue journĂ©e de travail Ă la blanchisserie de lâhĂŽpital. Nous allons quand mĂȘme nous promener une fois revenus Ă la maison. AprĂšs quelques rayons de soleil dans la journĂ©e (mais oĂč est donc la pluie promise ?), il fait gris. En fin de balade nous sentons quelques gouttes, presque rien. Je ne fais pas de BBQ Ă cause du vent et, finalement, il se met Ă pleuvoir trĂšs finement pendant la soirĂ©e. Je fais des corrections de textes avec CB puis DN, ce qui me permet dâenvoyer des rĂ©ponses pour des appels Ă textes et des concours. Il en reste une Ă valider avec DN Ă envoyer avant le 30/4.
CB est trop fatiguĂ©e pour regarder « Fessenheim, le dĂ©but de la fin du nuclĂ©aire » en rediffusion sur FranceTV. On verra demain⊠mais demain aussi, les formateurs de lâIFSI donnent un coup de main Ă la blanchisserie ! Je pense quâelle ne sera pas en Ă©tat de faire quoi que ce soit. Vivement le long week-end qui sâapproche !
Photographie : promenade dans la grisaille.
43e jour â lundi 27 avril, les jours se confondent
LevĂ© avec CB qui repart Ă la mine, jâenchaĂźne avec plusieurs courriers. Un premier pour le dĂ©tenu qui mâa Ă©crit la semaine derniĂšre. Un second pour les Ăditions du Pangolin, afin de rĂ©pondre Ă leur proposition de collaboration. Un troisiĂšme pour une entreprise qui gĂšre des sites de rencontre : je veux savoir sâil existe des possibilitĂ©s de crĂ©er quelque chose qui pourrait ĂȘtre accessible aux personnes dĂ©tenues, câest-Ă -dire sans passer par Internet.
Je me rends compte que je nâai pas pris de notes hier pour ma chronique du dimanche 26 avril. Je mây colle tout de suite, en espĂ©rant que ma mĂ©moire embrouillĂ©e par le confinement me permette de retrouver ce qui sâest passĂ© hier : les jours se confondent dans mon esprit !
Il fait de nouveau trĂšs beau. Je vais jardiner un peu : ĂŽter des plantes invasives et continuer Ă nettoyer le boulodrome. Je dĂ©jeune avec S et boit mon cafĂ© en regardant mes mails : un ami veut acheter le recueil « DĂ©voilements ». Je lui suggĂšre dâattendre que dâautre Alsaciens fassent de mĂȘme afin de faire une commande groupĂ©e. Des volontaires ?
AprĂšs-midi mĂ©nage : CB a particuliĂšrement insistĂ© sur la nĂ©cessitĂ© dâĂ©vacuer ce pollen qui sâinfiltre partout. Manque de chance, ou acte manquĂ©, en faisant la poussiĂšre sur les Ă©tagĂšres je fais tomber un bibelot qui explose au sol. Pour faire pĂ©nitence, je nettoie lâaspirateur : il en avait besoin !
Vers 16h30, jâattaque enfin une histoire destinĂ©e Ă un concours de Science-Fiction dont le thĂšme est « Voyage dans le temps ». Comme pour une prĂ©cĂ©dente nouvelle (voir chronique du 20e jour), je vais me saisir de lâopportunitĂ© pour Ă©crire un nouveau chapitre du roman des Gooseneck.
Ensuite, balade Ă trois. Il fait plus frais que ces derniers temps. Quand nous rentrons, nous voyons que le figuier a tout de mĂȘme pris un coup de chaud et nous lui donnons Ă boire. Je prĂ©pare le BBQ, peut-ĂȘtre le dernier avant un certain temps si la mĂ©tĂ©o tient ses promesses.
Ensuite, je travaille au tĂ©lĂ©phone avec DN qui a relu trois nouvelles. Il y en a une que je dois retravailler avant de la lui renvoyer : jây ai fait un changement de temps inappropriĂ©. La premiĂšre partie est Ă©crite au passĂ© simple et la seconde au passĂ© composĂ©. Ce qui nous ramĂšne Ă ce que jâĂ©crivais hier sur le nĂ©cessaire accompagnement de lâauteur !
Pas de film non plus ce soir : il est tard quand jâai terminĂ©.
Photographie : La scierie devant laquelle nous passons presque tous les jours. Au fond, les Vosges.
42e jour â dimanche 26 avril, soirĂ©e tacos
Je me lĂšve de 4h Ă 6h avant de me recoucher jusquâĂ 9h. JournĂ©e un peu grise. Je termine ma nouvelle « apocalyptique » et la donne Ă CB pour quand elle aura le temps de la relire.
Je reçois une rĂ©ponse des Ăditions du Pangolin. Non seulement le gĂ©rant a bien pris mon courrier, mais il me propose de collaborer Ă la rĂ©alisation du prochain recueil ! Câest extrĂȘmement flatteur, mais je nâai jamais fait cela et je me dis que cela va me prendre beaucoup de temps. Et il faut bien ĂȘtre dâaccord : je ne suis pas correcteur, ayant moi-mĂȘme besoin dâaide dans ce domaine. Je laisse reposer avant de lui rĂ©pondre.
Je fais une nouvelle sieste dans lâaprĂšs-midi (je commence Ă vieillir) avant la promenade dâune heure, pendant laquelle il se met Ă tomber un fin crachin. Pas de quoi nous tremper sur le chemin du retour, mais cela dure plusieurs heures et je me dis que cela fera le plus grand bien au jardin (et Ă la facture dâeau).
A propos dâeau, il y a une idĂ©e Ă laquelle je tiens et que voudrais vous faire partager. Il est dâusage en France (comme dans la plupart des pays capitalistes, je suppose) dâappliquer sur lâeau (et dâautres ressources) un tarif dĂ©gressif, qui fait que les gros consommateurs ont un prix unitaire au mĂštre cube plus intĂ©ressant.
Si nous entrions dans une politique de maĂźtrise de nos ressources, il faudrait faire EXACTEMENT lâinverse. Un mĂ©nage consomme environ 40 mÂł par an. On pourrait dĂ©cider que les 25 premiers mÂł sont gratuits pour tous, et ensuite serait appliquĂ© un tarif progressif qui sâappliquerait aussi bien aux particuliers quâaux entreprises publiques et privĂ©es, sans dĂ©rogation possible.
Ce serait un excellent moteur de progrĂšs dans la gestion des ressources. La rĂ©cupĂ©ration dâeau de pluie et lâentretien des rĂ©seaux deviendraient essentiels et les industries agroalimentaires et mĂ©tallurgiques seraient bien forcĂ©es de faire des efforts et de franchir des paliers technologiques !
AprĂšs avoir Ă©crit ceci, jâai conscience que sâil mâarrive quelque chose dans les prochains mois, il faudra peut-ĂȘtre en chercher la responsabilitĂ© chez zeuS, ailoĂ©V, la esiannoyL ou autres. Le coronavirus aura bon dos !
Dans lâaprĂšs-midi, jâapprends que Blue Ăyster Cult, groupe dont je suis fan depuis mes 13 ans, sort une vidĂ©o en mode confinĂ© :
Le choix de cette chanson, « Godzilla », nâest pas innocent : la conclusion en est History shows again and again how nature points up the folly of man.
En fin de journĂ©e, DN mâappelle pour me faire part de ses corrections sur 2 nouvelles Ă envoyer avant le 30 avril : une pour les Ăditions des Tourments et lâautre pour le collectif Calibre 35.
AprÚs un succulent repas de tacos faits maison par CB (tant pis pour mon régime !), elle passe du temps au téléphone avec sa famille. Nous ne regardons pas de film.
Photographie : La vue depuis la salle de bain, Ă 5h30, ce matin.
41e jour â samedi 25 avril, oĂč l’Ă©diteur de cette chronique dĂ©couvre l’exigence de son auteur Ă son Ă©gard
CouchĂ© avant minuit, je me rĂ©veille vers 3h du matin. Je descends au salon pour boire une camomille (Kamille, est-il Ă©crit sur la boĂźte dâemballage, achetĂ©e en Allemagne) et continuer la lecture de nouvelles du recueil « DĂ©voilements ». Le gĂ©rant des Ăditions du Pangolin* mâavait demandĂ© de lui donner mon avis sur le livre, il faut que je rĂ©flĂ©chisse Ă la façon dont je vais le faire. En effet, si lâobjet prĂ©sente bien â belle couverture, papier agrĂ©able, soliditĂ© apparente â le contenu est trop brut : les textes nâont pas Ă©tĂ© relus ni, a fortiori, retravaillĂ©s, et la mise en page est sommaire. Cela sâexplique certainement par un souci dâĂ©conomie dâune part, et de relation entre les auteurs et lâĂ©diteur dâautre part. Je sais que câest difficile dâaller vers quelquâun qui a donnĂ© de lui-mĂȘme pour lui dire : ce nâest pas suffisant, il faut retravailler. Mais, câest nĂ©cessaire. Pour lâavoir vĂ©cu Ă plusieurs reprises, travailler avec un Ă©diteur exigeant ou un correcteur professionnel fait progresser tout le monde : lâauteur apprend Ă mieux travailler, lâĂ©diteur obtient un produit de meilleure qualitĂ©. MalgrĂ© quelques dĂ©fauts, « DĂ©voilements » reste tout Ă fait lisible. La variĂ©tĂ© des auteur-es et leurs diffĂ©rentes origines gĂ©ographiques en est lâatout principal. JâĂ©crirai le courrier demain, il faut laisser mĂ»rir.
Je me recouche vers 5h. Lever vers 9h, petit dĂ©jeuner avec CB qui a bien dormi, bullage sur ordinateur, puis je vais continuer Ă nettoyer le boulodrome. Pendant ce temps, CB passe le devant du garage au Karcher pour chasser les traces dâhuile. Nous dĂ©jeunons de salade de tomates et magret de canard grillĂ© sur le BBQ â tofu et patates sautĂ©es pour S. Un voisin fait hurler sa radio et tout le quartier en profite. CB finit par aller le voir : câest un type ĂągĂ©, sourd comme un pot. Il consent Ă baisser le son.
CB, qui nâa plus de pomelos, part faire un complĂ©ment de courses (dĂ©ca pour moi, tofu et masque capillaire pour S, pommes et tomates pour tous !) Je me remets au repassage.
JâĂ©coute les informations de 17h : le Covid-19 totalise 200 000 morts dans le Monde. LâOMS informe que rien ne prouve que ceux qui ont eu la maladie sont immunisĂ©s. Ăa promet !
CB a une longue conversation avec G, un ami qui travaille chez Peugeot comme beaucoup de monde dans la région, et qui se retrouve au chÎmage technique. Il se demande comment la fabrication va bien pouvoir reprendre en tenant compte des « gestes barriÚres ».
Marche dâune heure, repas de cruditĂ©s prĂ©parĂ© amoureusement par CB, qui ne veut par regarder de film ce soir et zappe devant la TV pendant que je termine le premier jet de la nouvelle « apocalyptique ».
* à ne pas confondre avec la formidable fonderie de sculptures britannique Editions Pangolin, dont je vous engage à explorer le site et voir leur vidéo trÚs speed : https://pangolin-editions.com/
Photographie : Parce que trop de BBQ tue le BBQ, CB nous a préparé 3 assiettes de crudités, chacune étant différente des deux autres.
40e jour â vendredi 24 avril
Aujourdâhui, je suis confinĂ© depuis 40 jours. Ce chiffre nâest pas anodin : non seulement câest le nom de la pĂ©riode dâisolement des malades contagieux, mais câest aussi un nombre qui revient souvent dans les trois principales religions monothĂ©istes*. Jâai dâailleurs une pensĂ©e pour les musulmans qui commencent aujourdâhui le ramadan dans des conditions trĂšs particuliĂšres. Surtout ceux qui sont en prison : dâhabitude, câest lâoccasion dâune certaine solidaritĂ©, dâun partage entre ceux de lâintĂ©rieur comme avec ceux de lâextĂ©rieur. Si jâen ai lâoccasion, je me renseignerai auprĂšs dâun pratiquant pour savoir comment il le vit.
RĂ©veil vers 6h. Je prends le petit dĂ©jeuner avec CB avant dâaller faire un tour de surf sur le web. Une collĂšgue mâenvoie des informations : jâai reçu un nouveau courrier dâun dĂ©tenu⊠qui me parle du ramadan ! Ăa tombe bien : jâai des questions Ă lui poser, moi aussi ! Je ferai ça ce week-end. Un autre dĂ©tenu voudrait rĂ©diger une petite annonce pour rencontrer lâĂąme sĆur. Je vais rĂ©flĂ©chir Ă la façon de procĂ©der : les personnes incarcĂ©rĂ©es nâayant pas accĂšs Ă Internet, elles ne peuvent sâinscrire sur les sites de rencontre.
Je tonds la pelouse en fin de matinĂ©e : câest mieux de le faire en semaine pour ne pas trop dĂ©ranger les voisins (quoique, avec tout le bruit quâils font…). Lâherbe nâest pas haute, jâenlĂšve le panier, laissant les brins coupĂ©s sur place. Ils sont sensĂ©s amender le terrain tout en limitant lâĂ©vaporation de lâeau. OK, sauf quâil nây a pas dâeau. Quarante jours sans pluie, câest lâinverse du DĂ©luge !
AprĂšs la tondeuse, je continue de nettoyer le boulodrome jusquâĂ midi trente.
Aux infos, jâapprends que Trump a suggĂ©rĂ© lors dâun point presse dâinjecter du dĂ©sinfectant dans les poumons des malades. Hier, dans ma chronique, je voulais, pour me moquer des imbĂ©ciles, prĂ©tendre que consommer rĂ©guliĂšrement de la mort-aux-rats diluĂ©e dans de lâammoniaque tiĂšde protĂ©geait du virus ! Le PrĂ©sident des Ătats-Unis est plus fort que la fiction.
LâaprĂšs-midi, je commence Ă dĂ©velopper une courte nouvelle, prĂ©cĂ©demment Ă©crite pour un jeu sur le site MDA. Je compte lâenvoyer en rĂ©ponse Ă un appel Ă textes des Ăditions des Tourments sur le thĂšme « Apocalypse ».
Quand CB rentre, elle visite le jardin tondu de frais puis nous mettons un poulet Ă rĂŽtir et nous allons nous promener.
Pendant la balade elle reçoit un appel de son frĂšre qui commence Ă planifier les vacances dâĂ©tĂ© Ă la maison familiale, en VendĂ©e. AprĂšs le repas, pris une nouvelle fois dehors, câest avec notre amie AW, encore fragile aprĂšs avoir Ă©tĂ© hospitalisĂ©e pour cause de coronavirus, quâelle discute un long moment au tĂ©lĂ©phone.
Nous regardons ensuite le dernier épisode de Chernobyl. Cette série en 5 épisodes est vraiment remarquable !
* Je rappelle Ă ceux qui ont oubliĂ© leur catĂ©chisme que les chrĂ©tiens sont monothĂ©istes. Ce ne sont pas Saint-Vincent, Saint-François, Saint-Paul et les autres, ainsi que les anges, les reliques saintes et le Malin qui diront le contraire. Comment ça, jâai mauvais esprit ?
Photographie (S) : Sarcignan en plein repassage, surveillĂ© par lâune des grenouilles espionnes de CB.
39e jour â jeudi 23 avril, le repos de la guerriĂšre (de la mĂ©decine)
Je me lĂšve peu aprĂšs CB. Elle est encore ensommeillĂ©e, nous ne nous parlons pas beaucoup pendant le dĂ©jeuner. JâespĂšre que ma prĂ©sence lui fait du bien. Normalement, elle nâira pas Ă la blanchisserie aujourdâhui et se consacrera Ă ses activitĂ©s de cadre-formateur en IFSI : il y a quand mĂȘme une nouvelle fournĂ©e dâinfirmier-es diplĂŽmĂ©-es Ă sortir prochainement !
AprĂšs son dĂ©part je termine mon petit-dĂ©jeuner et fais une sĂ©ance de surf pour avoir les derniĂšres infos sur lâĂ©tat du monde, sur les concours littĂ©raires et photographiques et sur… le tirage de lâEuromillion !
Jâapprends que Marianne Faithfull sort de lâhĂŽpital : elle avait attrapĂ© le virus. Plus tard, je vais au jardin nettoyer une partie du boulodrome et tailler les bambous du voisins qui dĂ©bordent chez nous. Vers 13h00 je mange un peu de rĂŽti froid, un demi-fenouil et une petite pomme en compagnie de ma fille qui sâest prĂ©parĂ© du risotto.
Comme chaque jour, je vais Ă la boĂźte-aux-lettres. Pour une fois elle nâest pas vide : jâai reçu mon exemplaire de « DĂ©voilements » ! (voir chronique du 31e jour). La dĂ©couverte dâun recueil de nouvelles dans lequel je suis publiĂ© est un moment excitant mais qui peut gĂ©nĂ©rer de la dĂ©ception : quand le livre est mal fabriquĂ©, quand la couverture est laide, quand la mise en page est insuffisamment professionnelle, quand le niveau global des autres nouvelles est mĂ©diocre (je pars du principe que la mienne est au top, bien sĂ»r !)
Je finis dâĂ©crire et relire ma « nouvelle nouvelle », assez courte, qui sâintitule dĂ©sormais « Le repos de la guerriĂšre ». Je lâenvoie sur la messagerie de CB pour quâelle puisse la corriger quand elle en aura le temps et lâenvie. Câest le milieu de lâaprĂšs-midi, je me mets au repassage en attendant quâelle revienne du travail.
Nous allons tout de suite nous promener. Elle est contente de me parler de sa journĂ©e de travail. Elle dĂ©crit tout de mĂȘme une situation qui fait penser Ă de la mĂ©decine de guerre. Cela contraste Ă©trangement avec ce que jâentends et lis dans les mĂ©dias, oĂč il nâest question que de dĂ©confinement et de reprise des activitĂ©s Ă©conomiques. InquiĂ©tant, non ?
AprĂšs le BBQ, elle corrige « Le repos de la guerriĂšre » qui lui plaĂźt dâautant plus que ça dĂ©crit notre vie sur le mode humoristique. Je change le titre de la nouvelle (que je ne divulguerai pas tant que le jury de Noirmoutier nâaura pas dĂ©libĂ©rĂ©, mais sachez quâil sâinspire dâun film de Mocky) et ajoute un sous-titre inspirĂ© dâun roman de Murakami. Je ne peux pas mâempĂȘcher de glisser des rĂ©fĂ©rences dans la plupart de mes Ă©crits !
Ce soir nous aurions dĂ» aller Ă lâHĂŽtel de la RĂ©gence voir la piĂšce « Ys, la vĂ©ritable histoire », crĂ©Ă©e et jouĂ©e par M. Jean et Mme Jeanne (https://www.mrjeanetmmejeanne.com/spectacles/). Nous avions bien aimĂ© leur spectacle « Antigone Couic Caput ». Ne vous fiez pas Ă la premiĂšre impression, câest vraiment dĂ©sopilant.
Finalement, nous regardons le 4e et avant-dernier épisode de Chernobyl. Il est moins intense que les précédents.
Photographie : Dans mon quartier, lâĂ©cole est vide et la boĂźte Ă livres est pleine !
38e jour â mercredi 22 avril, oĂč le lecteur de cette chronique dĂ©couvre enfin l’origine du pseudo de son auteur
Je me lĂšve en mĂȘme temps que CB pour lâencourager Ă sortir du lit : elle a du mal ce matin ! Nous dĂ©jeunons ensemble et elle file Ă lâhĂŽpital.
Je surfe un peu pour avoir des informations fraĂźches, puis sors arroser les plantes du jardin. Il fait beau et froid.
Je scanne mon arrĂȘt de travail et lâenvoie chez mon employeur, le courrier suivra. Je lis quelques pages du roman que jâai offert Ă CB pour son anniversaire : « Retenir les bĂȘtes » de Magnus Mills. Câest un rĂ©gal, lâhistoire gagne en intensitĂ© de façon lente, les personnages sont Ă©tonnants. Comme me lâa fait remarquer CB, cette façon dâĂ©crire et de dĂ©crire rappelle le Steinbeck de la trilogie dĂ©sopilante situĂ©e Ă Monterey (CA) : « Tortilla Flat », « Rue de la sardine » et « Tendre jeudi » (mon prĂ©fĂ©rĂ©).
11h et je nâai pas encore travaillĂ© ! Il faudrait quand mĂȘme que je me remette Ă Ă©crire. Procrastinant, jâĂ©vite de me mettre au roman et dĂ©cide de me lancer dans une histoire avec des mots imposĂ©s pour un concours lancĂ© Ă lâarrache par une librairie de Noirmoutier. Ce qui mâa motivĂ© ? Parmi les onze mots Ă placer se trouvent congolais, pangolin, pomelo, azuki et triporteur !
Pour les deux premiers, voir la chronique du 2e jour de confinement ! Le pomelo constitue le petit dĂ©jeuner habituel de CB, azuki est la variĂ©tĂ© de haricot rouge utilisĂ©e pour faire des dorayaki dans « Les dĂ©lices de Tokyo » (voir la chronique du 30e jour) et « Le triporteur » est un roman que jâai adorĂ© Ă lâadolescence et qui, comme dâautres Ćuvres de RenĂ© Fallet, Ă Ă©tĂ© adaptĂ© au cinĂ©ma avec plus ou moins de rĂ©ussite (« La soupe aux choux » Ă©tant le plus connu !). Je recommande chaleureusement la lecture du petit roman « Le braconnier de Dieu » accompagnĂ© dâune bouteille de Saint-Pourçain.
Comme si cette pandĂ©mie nâĂ©tait pas dĂ©jĂ suffisamment surrĂ©aliste, voici quâon apprend que la nicotine pourrait ĂȘtre un facteur de protection ! Jâimagine dĂ©jĂ que ceux qui nâont pas rĂ©ussi Ă se flinguer Ă la Chloroquine vont se mettre Ă fumer deux paquets par jour de peur de mourirâŠ
Information qui me consterne : des familles se sont entassĂ©es dans leurs SUV pour faire la queue au sâdlanoDcM. Jâimagine quâils vont trĂšs rapidement retrouver le rĂ©flexe de jeter les emballages nâimporte oĂč dans les rues et les espaces verts. Pour avoir habitĂ© Ă proximitĂ© du McCrado de Sarcignan (mon pseudo est le nom dâun quartier de banlieue bordelaise) je sais que, sur un rayon dâun kilomĂštre, les trottoirs, caniveaux et squares sont dĂ©corĂ©s aux couleurs de la sainte trinitĂ© amĂ©ricaine : aloCacoC, sâdlanoDcM et oroblraM. Nous avons le monde que nous mĂ©ritons, probablement.
Jâai enfin des Ă©changes de sms avec mon fils aĂźnĂ©. Ouf ! Il est vivant.
LâaprĂšs-midi, je termine le premier jet de lâhistoire pour Noirmoutier, Ă temps pour accueillir CB qui rentre du travail. Elle est Ă©puisĂ©e par une journĂ©e complĂšte Ă la blanchisserie de lâhĂŽpital, mais fiĂšre du travail accompli.
Nous allons marcher un peu, elle me raconte sa journée, puis nous rentrons faire cuire un rÎti et des haricots.
Elle corrige ma chronique journaliĂšre et la nouvelle « romantique ». AprĂšs le repas, elle zappe un peu mais nâa pas la force de regarder la suite de Chernobyl et va se coucher. Je trie des musiques jusquâĂ minuit, Ă©coute une rediffusion de « Par JupidĂ©mie » et compte me coucher vers 1h, quand CB dĂ©boule. Visiblement dĂ©sorientĂ©e, elle me demande pourquoi je ne suis pas encore couchĂ© Ă 4h du matin.
Je dĂ©cide de ne pas me relever Ă 5h pour la pluie dâĂ©toiles filantes.
Mais Ă 5h05, CB me bouscule dans son sommeil agitĂ©. Je me lĂšve et vais dans la chambre dâamis qui, mansardĂ©e, possĂšde une fenĂȘtre de toit orientĂ©e vers le sud. Je reste une dizaine de minutes Ă observer le ciel sans voir une seule mĂ©tĂ©orite et retourne me coucher. Aujourdâhui, jâapprends que câĂ©tait la nuit prĂ©cĂ©dente quâil fallait observer ! Je commence Ă perdre le dĂ©compte des jours.
Photographie : Entre forĂȘt et champ de glyphosate, un Paon-du-jour (Aglais io) sâest posĂ© sur notre chemin de promenade.
37e jour â mardi 21 avril, vent de face
AprÚs 6 jours consécutifs de baisse de la mortalité, la France franchit le cap des 20 000 décÚs directement liés au coronavirus.
Dans la matinĂ©e, je vais Ă lâalimentation gĂ©nĂ©rale du village pour poster un paquet : CB a fait une vente de livre sur un site spĂ©cialisĂ© sur netukaR. Quand je rentre vers 10h15, S prend son petit dĂ©jeuner.
Je passe un trĂšs long moment Ă lire les nouvelles que mes camarades du site Maux dâAuteurs ont proposĂ©es dans le cadre du jeu n°180. Je prends des notes : il va falloir voter pour celles que je prĂ©fĂšre.
Je suis toujours sans nouvelles des suites de ma dĂ©claration de situation « vulnĂ©rable » sur ameli.fr. Je contacte mon mĂ©decin traitant qui me dit quâil va rĂ©diger lui-mĂȘme un arrĂȘt que je pourrai venir chercher plus tard dans sa salle dâattente.
Je reçois un appel de collĂšgues pour faire le point sur certaines situations compliquĂ©es, pour lesquelles cette pĂ©riode de confinement nâarrange rien. Il sâagit en particulier de personnes prochainement libĂ©rĂ©es et pour lesquelles il y a nĂ©cessitĂ© de trouver un lieu dâhĂ©bergement. Nous ne laissons jamais personne sans solution.
Autre appel : le responsable de la mĂ©diathĂšque de Bessancourt est trĂšs, trĂšs embĂȘtĂ© : il y a eu erreur de leur part et je ne fais pas partie des finalistes du concours. Je le rassure, ça ne mâaffecte pas tant que ça : ce nâest pas comme si câĂ©tait ma premiĂšre rĂ©compense ! Et puis cette nouvelle me paraissait difficilement Ă©ligible par un jury. Il sây passe des choses violentes dans un contexte de trafic de drogues et dâintolĂ©rance religieuse.
Peu avant 16h, je regonfle les pneus de mon fidĂšle vĂ©locipĂšde (14 ans de vie commune !) et file au bourg voisin retirer mon arrĂȘt de travail et renouveler mon traitement Ă la pharmacie.
AprĂšs un mois sans pĂ©daler, je file Ă lâaller comme une gazelle sur mon vĂ©lo. Et pour cause : jâai le vent dans le dos. Le retour est bien plus difficile ! Je me rends compte â comme me lâavait dit CB qui prend la route tous les jours â quâen pĂ©riode de confinement, le code de la route nâa plus cours.
CB rentre du travail. Elle a fait les courses alimentaires pour la semaine et nâa pas trouvĂ© de farine. Jâimagine que les caves des Français sont remplies de pĂ©cu, de farine, dâhuile et de sucre.
AprĂšs les avoir rangĂ©es, nous allons marcher puis je lance un bbq. Merguez et chorizo ! Mais nous mangeons Ă lâintĂ©rieur : aprĂšs une belle journĂ©e, il fait vite frais.
Plus tard, pendant que CB fait une rĂ©union AppâsWhat avec sa famille, je fais une sĂ©ance tĂ©lĂ©phonique de correction avec DN sur ma piĂšce de thĂ©Ăątre de science-fiction, que jâenvoie ensuite pour le Prix Aristophane 2020. Sous couvert de quĂȘte spatiale, ma piĂšce interroge (modestement) le rapport entre pouvoir politique et pouvoir financier. Les grands dĂ©cideurs jouent entre eux au chat et Ă la souris, sans aucune considĂ©ration pour les populations, relĂ©guĂ©es au rĂŽle de consommateurs imbĂ©ciles. Le dĂ©lai de soumission est fixĂ© au 30 avril, il y a dĂ©jĂ une vingtaine de candidats.
TroisiÚme épisode de Chernobyl. Les images des personnes irradiées sont parfois pénibles à regarder. Cette série est vraiment excellente.
Photographie : Nos balades nous amĂšnent parfois le long de la Vieille Thur, qui se jette dans la Lauch un peu avant Colmar.
36e jour â lundi 20 avril, Ă la frontiĂšre
CouchĂ© tard, levĂ© tĂŽt⊠Je me recouche vers 10h en espĂ©rant trouver le sommeil mais le Cabinet de diĂ©tĂ©tique mâappelle Ă ce moment-lĂ pour parler de mon problĂšme de poids qui ne bouge plus⊠Cela arrive, paraĂźt-il, beaucoup en ce moment. Le confinement gĂ©nĂšre du stress et de la perte de sommeil, les deux sont mauvais pour la perte de poids.
Je me relĂšve et complĂšte le dossier pour le concours BarrObjectif : jâenvoie une sĂ©rie de photos de rouille que je nomme pour cette occasion « La rouille ne dort pas » dâaprĂšs un album de Neil Young.
Nouvelle tentative de sieste vers 11h45 : ça marche ! Je suis rĂ©veillĂ© peu aprĂšs 13h par un appel malveillant, un numĂ©ro qui appelle une ou deux fois par jour et raccroche aprĂšs une sonnerie. Je croyais avoir bloquĂ© ce numĂ©roâŠ
Le moral est en baisse⊠Tendance légÚrement dépressive. Je me sens facilement agressé depuis quelques jours. Il va falloir que je me remette à écrire pour dynamiser tout ça !
Comme prĂ©vu, ma nouvelle sur Mary Shelley nâest pas retenue pour le prix Bussy (voir chronique du 18e jour). Je vais pouvoir la retravailler, elle a un bon potentiel.
Et je reçois en fin dâaprĂšs-midi un courriel de la MĂ©diathĂšque Duras Ă Bessancourt (Val dâOise). AprĂšs avoir gagnĂ© lâannĂ©e derniĂšre le Premier prix du 15e concours de la nouvelle policiĂšre, jâapprends â un peu surpris car elle nâest pas vraiment faite pour concourir â que ma nouvelle « Le Talion » fait partie des 10 textes sĂ©lectionnĂ©s par le jury pour la 16e Ă©dition.
Je reçois le sommaire de lâanthologie « Dimension sport & loisirs » qui paraĂźtra chez RiviĂšre Blanche. Jây suis entourĂ© dâune belle brochette dâauteur-es aguerri-es.
Lâanthologiste prĂ©cise dans son message que lâillustration nâest pas encore choisie pour la couverture : aussitĂŽt je bricole quelques-unes de mes photographies pour les lui soumettre.
Nous regardons le deuxiĂšme Ă©pisode de Chernobyl. Câest vraiment captivant. La seule chose qui me gĂȘne, câest de voir tous ces Russes parler en anglais. Sinon, on se croirait dans un reportage sur le terrain.
Je me rĂ©veille vers 2 heures du mat’ et me recouche vers 4h30. Faudra faire une sieste, demain !
Photographie : Mon village avec, au fond, la ForĂȘt Noire. La frontiĂšre est Ă moins de 20 km.
35e jour â Dimanche 19 avril, motards de bon matin et de bonne humeur
Notre sommeil finit par ĂȘtre perturbĂ© : CB se lĂšve parfois la nuit pendant plusieurs heures. Moi, je me lĂšve plus tĂŽt seulement quand je vais au travail⊠Ma femme et ma fille me font remarquer que mon humeur change⊠Je deviens susceptible. Je suis sĂ»r quâelle disent ça exprĂšs pour mâĂ©nerver.
Donc, levĂ© Ă 6h ce matin, je pose les bases dâune nouvelle de science-fiction pour un petit concours dont le thĂšme mâintĂ©resse : voyage dans le temps. Ce texte me servira de base pour lâun des chapitres dâun roman que je construis ainsi morceau par morceau.
Ce roman sera basĂ© sur ma nouvelle « Au temps pour moi », qui a Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ©e pour ĂȘtre publiĂ©e dans lâanthologie « Revenir de lâavenir » (voir chronique du 21e jour). Elle concourt en ce moment pour le « Prix Mille saisons 2020 » qui sera attribuĂ© par les lecteurs du recueil. AprĂšs deux semaines de votes, mon histoire fait partie des cinq premiĂšres : https://www.millesaisons.fr/prix-millesaisons-2020/resultats.php. Mais les votes se terminent en juillet : il va falloir tenir !
Il fait trĂšs chaud cet aprĂšs-midi. CB a relu ma piĂšce de thĂ©Ăątre et je lâenvoie Ă DN pour correction. La pauvre a quatre textes en attente tous Ă rendre pour le 30 avril, sans compter un cinquiĂšme qui attend la premiĂšre relecture de CB !
Je vais bĂȘcher un peu le potager qui se dessĂšche, afin dâenlever les racines de plantes sauvages restĂ©es enfouies. Ensuite je prĂ©pare une sĂ©rie de photographies sur la rouille pour les prĂ©senter au concours « BarrObjectif » qui se dĂ©roulera (peut-ĂȘtre ?) en septembre.
CB a appelĂ© sa mĂšre, qui quittera lâhĂŽpital de main pour aller en maison de convalescence.
Comme tous les dimanches, je téléphone à mon fils aßné qui, depuis quelques mois, refuse de décrocher et ne me rappelle pas. Je laisse un petit message pour donner des nouvelles et en demander.
Photographie : Mes motos sont moins bruyantes que celles des voisins !
34e jour â samedi 18 avril, binette et Binoche
Je passe la matinĂ©e Ă surfer sur le web en Ă©coutant du rock au casque. Jâai assez peu parlĂ© de musique jusquâĂ prĂ©sent, mais il y en a trĂšs souvent Ă la maison. Quand les autres en ont marre, ou si jâai envie dâenvoyer les watts, jâĂ©coute au casque. Jâai une play-list de plusieurs milliers de morceaux, ça va du baroque au rap, de lâethno au punk-rock, de la techno au blues rural, de la chanson au dub, de la contemporaine au musette, du jazz au mĂ©tal. Avec, quand mĂȘme, beaucoup de guitares Ă©lectriques ! Avec, quand mĂȘme, beaucoup de guitares Ă©lectriques ! Au moment mĂȘme oĂč j’Ă©cris cette chronique, j’Ă©coute Jimmy Thackery, « Roy’s bluz ». GoĂ»tez-moi ça.
Il fait un soleil éclatant. Je prévois de faire un peu de jardinage cet aprÚs-midi pendant que CB attaquera le ménage de la zone des bureaux !
Je continue Ă rĂ©Ă©crire ma nouvelle « romantique pour le concours « Escales ». AprĂšs le bbq (saucisses de volailles, le porc nâĂ©tant pas recommandĂ© pour lâhypertension), je dĂ©place un arbuste qui poussait en bordure du boulodrome (oui, madame, nous avons un boulodrome dans le jardin !) et je le replante au sud, du cĂŽtĂ© de la famille teuf-teuf dont le plus jeune fils fait sa gym quotidienne : des va-et-vient en moto dans le jardin.
Dans la rue devant chez nous, un homme passe avec un Ă©norme cabriolet Mercedes dont il fait gronder le moteur. Les accros Ă la grosse voiture â nombreux en Alsace â nâen peuvent plus de rester Ă la maison !
S plante enfin ses patates germĂ©es : le jardin prend peu Ă peu sa vitesse de croisiĂšre. La semaine prochaine, nous aurons des plants de tomates. Qui nâa jamais mangĂ© de tomates de jardin ne sait pas le vrai goĂ»t de la tomate !
AprĂšs une nouvelle promenade Ă trois, nous dĂźnons sur la terrasse. S a un rendez-vous numĂ©rique et nous laisse rapidement. CB et moi regardons « Vies doubles » dâAssayas avec Canet, Binoche (eh oui, encore elle : je suis fan !) et Macaigne. Cela se passe dans le milieu de lâĂ©dition⊠câest trĂšs bavard et pas si mal que ça !
Photographie : Coup de projecteur sur notre espace CD
33e jour sur la bouche â vendredi 17 avril
MatinĂ©e tranquille. Trop tranquille : S en oublie presque dâenvoyer sa dissertation dâhistoire Ă lâuniversitĂ©. Quand elle le fait enfin, il lui reste moins dâune heure de dĂ©lai ! Elle est pire que moi avec mes concours de nouvelles !
AprĂšs le bbq, CB attaque le « mĂ©nage Ă fond » de la piĂšce Ă vivre : quand câest moi qui le fait, câest moins Ă fond, câest sĂ»r ! Elle ponce Ă©galement une piĂšce de bois quâelle peindra pour en faire un totem. Dans lâaprĂšs-midi, la mĂšre de mes deux plus jeunes enfants appelle : elle voudrait que nous mettions en place une conversation par epykS. Jâinstalle le logiciel sur mon vieux portable. Ăa ne fonctionne pas bien : je les vois et ne les entends pas, il ne me voient ni ne mâentendent. Nous faisons donc par tĂ©lĂ©phone.
Dehors, Ă deux maisons de la notre, la famille teuf-teuf nâen peut plus de ne plus pouvoir utiliser ses voitures et autres trucs Ă moteur. Le fils aĂźnĂ© fait des tours de jardin avec une toute petite moto. Le bruit est horripilant mais nous avons le choix entre ça ou fermer les fenĂȘtres, et il fait si beau !
Nous sortons tous les 3 pour la marche, vers 18h00 pour Ă©viter dâavoir trop de soleil. En rentrant, CB et S prĂ©parent le repas, une poĂȘlĂ©e maison de lĂ©gumes et saumon frais. Nous mangeons dehors.
CB et moi regardons le film de science-fiction « High Life » de Claire Denis avec Pattinson et Binoche. CB craque au bout dâune heure. Je reste jusquâau bout : ce film atypique, mĂȘme sâil est truffĂ© de rĂ©fĂ©rences (volontaires ou non), est plutĂŽt rĂ©ussi.
Ensuite, je modifie une nouvelle un peu atypique dans ma production, une histoire dâamour avec scĂšne de sexe que jâavais imaginĂ©e pour un magazine fĂ©minin et qui pourrait rĂ©pondre Ă un concours que je viens de dĂ©couvrir⊠à rendre avant le 30 avril !
Photographie : la borne à incendie en face de chez nous affiche le décompte du confinement : 33 jours.
32e jour â jeudi 16 avril, SepĂșlveda Ă©crivait dans le Monde diplomatique
Ce matin, jâarrose les nouvelles plantes et le figuier, jâĂ©cris la chronique de la veille et je mâattaque Ă la lettre pour le dĂ©tenu, afin quâil puisse lâavoir avant le week-end.
Ce 16 avril est un jour de tristesse et dâhommage en ce qui me concerne, avec les dĂ©cĂšs de Lee Könitz, Christophe et surtout, pour ma part, Luis SepĂșlveda. Quand mes deux aĂźnĂ©s avaient moins de 12 ans, nous regardions souvent le film d’animation d’Enzo d’AlĂČ (1999) tirĂ© de son conte « La mouette et le chat ». En plus d’ĂȘtre le romancier que l’on connaĂźt, SepĂșlveda Ă©crivait des articles dans le Monde diplomatique. J’ai lu en ligne l’un de ces articles, qui parle particuliĂšrement au cinĂ©phile que je suis. Si vous avez aimĂ© le film « Butch Kassidy et le Kid » de George Roy Hill (RĂ©alisateur entre autres de L’arnaque et de Le monde selon Garp), avec – excusez du peu – Redford et Newman – cet article devrait vous passionner : https://www.monde-diplomatique.fr/2004/08/SEPULVEDA/11521
CB a fini son tableau hier, elle en est trĂšs contente.
Elle sâattaque Ă nettoyer la zone goudronnĂ©e devant le garage : notre vieille Alfa y a laissĂ© des traces dâhuile.
AprÚs un bbq sous un soleil trÚs agréable, je termine la relecture de ma piÚce. CB la relira plus tard. Nous partons ensuite en promenade, sans S qui est toujours accrochée à sa dissertation !
Plus tard, CB fait ses comptes puis nous commençons Ă rassembler les informations pour les dĂ©clarations dâimpĂŽts. Cela nous semble toujours compliquĂ© alors quâon nâa pas grand-chose Ă dĂ©clarer !
AprÚs un repas délicieux (bar au four + épinards) nous regardons avec plaisir le film « Prendre le large », de Gaël Morel avec Sandrine Bonnaire.
Photographie : Le tableau de CB est fini !
31e jour â mercredi 15 avril, rĂ©sidence, les clefs Ă l’insertion
Il fait toujours aussi beau et venteux, avec des tempĂ©ratures assez fraĂźches le matin, le soir et Ă lâombre.
CB va faire les courses en fin de matinĂ©e, toujours avec ma carte bleue, car son compte commence Ă sâassĂ©cher. Le mien va mieux : Ă mon grand soulagement, jâai reçu, le loyer de mon appartement de la rĂ©sidence⊠Sarcignan, que je suis loin dâavoir fini de payer.
PlutĂŽt que de continuer Ă payer au prix fort une agence immobiliĂšre qui me laissait gĂ©rer Ă 900 km de distance les gros et petits pĂ©pins de location, jâai confiĂ© il y a deux ans la gestion de mon F3 Ă une association dâinsertion. Elle y loge des personnes en difficultĂ© et les accompagne dans leur autonomisation sociale. Si un locataire finit par prendre son envol (autonomisation rĂ©ussie, arrivĂ©e dâun enfant), lâappartement est rĂ©novĂ© par un chantier dâinsertion, dĂ©pendant lui aussi de lâassociation, avant lâentrĂ©e du locataire suivant. Cerise sur le gĂąteau : le loyer est garanti par lâassociation. Mais par les temps qui courent, je nâaurais pas Ă©tĂ© surpris que le loyer arrive en retard⊠ou pas du tout !
Je reçois un courrier du travail : on me demande si jâai bien fait ma dĂ©claration de personne fragile sur ameli.fr. Oui, je lâai faite, il a deux semaines, mais je nâai toujours pas reçu le formulaire Ă envoyer Ă mon employeur. JâespĂšre que tout va bien se passer, ce nâest pas le moment de se retrouver avec un demi-salaire !
CB revient avec les courses et⊠un figuier. Je passe une heure dans le jardin à le planter bien comme il faut. La terre est basse, et elle est dure !
Peu de travail dâĂ©criture aujourdâhui.
CB rĂ©organise la bibliothĂšque, pour que les BD soient plus faciles dâaccĂšs !
Jâai enfin des nouvelles des Ed du Pangolin qui demandent ce jour de faire un versement pour payer les frais de port de mon exemplaire « Auteur ». Le recueil sâappelle « DĂ©voilements ».
AprĂšs le repas, CB tĂ©lĂ©phone Ă sa mĂšre, Ă sa sĆur et Ă son fils. Elle dit Ă ce dernier quâil peut faire une croix sur sa saison dâĂ©tĂ© dans la restauration et quâil ferait mieux de trouver un autre job dâĂ©tĂ©.
Pendant ce temps je commence à retoucher ma piÚce de théùtre.
Nous finissons la journĂ©e en regardant « Furyo » de Nagisa Oshima. Nous lâavions vu Ă sa sortie, câest un film qui avait beaucoup plu Ă notre gĂ©nĂ©ration. Les acteurs sont tous excellents, mais le fait que Bowie tienne un rĂŽle me perturbe : je ne vois que la star, pas le personnage quâil interprĂšte. Le rythme du film est trĂšs lent et au bout dâune heure nous en avons eu assez.
Photographie : Il fait beau ? Surfez !
Lire cette chronique Ă partir du 40e, 30e, 20e, 10e, 1er jour.
30e jour â mardi 14 avril, biĂšre, rhubarbe, anĂ©mie et dĂ©lices japonais
LevĂ© vers 7h30 car le rĂ©veil nâĂ©tait pas neutralisĂ©, je me lĂšve, prĂ©pare le cafĂ©, arrose les nouvelles plantes du jardin : je croyais quâil pleuvrait cette nuit, mais tout est sec et il fait beau. Le vent est froid.
Une collĂšgue me fait parvenir une nouvelle lettre dâun dĂ©tenu. Jây rĂ©pondrai bientĂŽt.
CB part faire des courses vers 11h avec ma carte bleue â son compte frĂŽle le rouge, le mien pas encore. Elle revient 1h plus tard, nous lâaidons Ă dĂ©charger la voiture. Il y avait du monde au magasin et certains rayons Ă©taient vides, dont celui de la biĂšre. En Alsace, câest un comble ! Mais nous nâen buvons pas.
Vers trois heures nous allons faire une promenade en passant â pour une fois â par le centre du village, pour nous protĂ©ger du fort vent du nord, trĂšs froid.
Plus tard, S sâen va Ă pied au village voisin pour faire son premier don du sang ! En cet honneur, CB cuisine un gĂąteau Ă la rhubarbe du jardin.
Je fais progresser lentement la 3e et (probablement) derniÚre scÚne de ma piÚce de théùtre.
Retour de S : son don nâa pas Ă©tĂ© acceptĂ© car elle est anĂ©mique. Il va falloir quâelle Ă©quilibre mieux son alimentation de vĂ©gĂ©tarienne !
AprÚs le gùteau, absolument réussi et savoureuse entorse à mon régime, nous regardons « Les délices de Tokyo », adaptation trÚs fidÚle de ce petit roman que nous avions beaucoup aimé.
Je termine la soirée en mettant la touche finale au premier jet de ma piÚce de théùtre !
Demain, relecture !
Si vous voulez une grande bouffĂ©e dâair, je vous recommande les vidĂ©os de descentes cyclistes du chanteur-guitariste Pierre Schott : http://www.pierreschott.com/Page%20videos.html
Photographie : promenade quotidienne sur fond de Vosges.
29e jour â lundi 13 avril, Quâest-il arrivĂ© Ă Lundi ?
Petit voyage dans le temps (un sujet rĂ©current dans mes nouvelles de science-fiction) : jâĂ©cris mes chroniques avec un jour de retard sur la date. La chronique que vous lisez en ce moment, celle du lundi 13, est Ă©crite le mardi 14 (dâaprĂšs mes notes de la veille) et elle est mise en ligne sur le site « Pourtant… » par Gilles Bertin dans les heures qui suivent.
Pour la chronique de dimanche (Ă©crite lundi, câest-Ă -dire hier au moment oĂč jâĂ©cris ces lignes â vous me suivez toujours ?), jâai laissĂ© tomber la forme habituelle pour exprimer des choses qui me tiennent politiquement Ă cĆur et sur lesquelles je reviendrai peut-ĂȘtre au fil des jours.
Quâest-il arrivĂ© hier, dimanche ?
Ăcriture, bullage, repas faiblement protĂ©inĂ© sur la terrasse oĂč nous finissons les restes.
Il faudra remplir le frigo mardi : nous nâavons pas pillĂ© les magasins, nous !
CB profite du beau temps pour faire du tri dans le garage.
La santĂ© de sa mĂšre est stabilisĂ©e depuis quâelle a Ă©tĂ© admise en hospitalisation et perfusĂ©e pour remonter ses taux sanguins. Se pose la question de lâaprĂšs hospitalisation.
Je continue dâĂ©crire ma piĂšce. Premier jet de la scĂšne 1 terminĂ©, jâattaque la scĂšne 2 !
Nous nous promenons tous les trois de 17 Ă 18h puis ensuite, bbq poulet salade. Pendant que S retourne Ă ses dissertations, CB et moi regardons « La Ballade de Buster Scruggs » des frĂšres Coen, western Ă sketches trĂšs sympathique, mĂȘme si parfois envahi par les bavardages. Lâhistoire dâintroduction est dĂ©sopilante !
Et ce lundi ?
Nous nous sommes levĂ©s tard. CB est partie en tout dĂ©but dâaprĂšs-midi donner un coup de main Ă la blanchisserie de lâhĂŽpital.
Je passe une partie de la journĂ©e Ă faire le mĂ©nage (avec un coup de main de ma fille S) et lâautre Ă rĂ©diger une chronique « politique » que je fais relire Ă S (elle fait des Ă©tudes de politique et son avis est trĂšs pertinent) puis Ă CB Ă son retour.
Le temps vire peu Ă peu au gris, il y a du vent, CB et moi faisons une marche dâune heure trĂšs⊠aĂ©rĂ©e !
Jâai enfin des nouvelles de DN dont jâattendais des corrections sur trois textes dont un Ă envoyer le 15 avril au plus tard ! Cette histoire Ă©tait Ă©crite en deux parties, une au prĂ©sent et lâautre au passĂ©. AprĂšs discussion, nous dĂ©cidons de tout mettre au passĂ©. Cela nous prend du temps, jusquâau repas prĂ©parĂ© par CB : soupe thaĂŻ.
Nous regardons en famille lâallocution de Macron qui annonce, entre autres :
â le prolongement du confinement jusquâau 11 mai. Ce qui aurait plutĂŽt comme effet de me rassurer : jâangoisse encore Ă lâidĂ©e dâaller affronter le virus sur son terrain !
â la rĂ©ouverture progressive des crĂšches, Ă©coles, lycĂ©es car « Trop dâenfants notamment dans les quartiers populaires, dans nos campagnes sont privĂ©s dâĂ©cole sans avoir accĂšs au numĂ©rique et ne peuvent ĂȘtre aidĂ©s de la mĂȘme maniĂšre par les parents ».
VoilĂ qui complĂšte ma chronique dâhier : confrontĂ©s Ă lâĂ©ducation de nos enfants, nous nous rendons compte que le mĂ©tier dâenseignant nâest pas facile et que les classes surchargĂ©es, les emplois du temps aberrants (pour les Ă©lĂšves comme pour les profs), le manque de reconnaissance des profs et de moyens pour les Ă©tablissements sont de vrais problĂšmes. Si les leçons du confinement sont vraiment tirĂ©es, lâĂ©ducation (comme la santĂ©) devrait voir ses ressources augmenter de façon significative. Mais le Medef veille au grain : il nâaime pas que lâargent public soit utilisĂ© pour le bien collectif.
â la possibilitĂ© dâannuler la dette des pays africains, qui sont livrĂ©s Ă eux-mĂȘmes et â câest moi qui le dis, pas Macron â aux intĂ©rĂȘts des multinationales ;
â le redĂ©marrage des activitĂ©s Ă©conomiques ne concernera pas les hĂŽtels, cafĂ©s et restaurants qui resteront fermĂ©s aprĂšs le 11 mai ;
â des aides « spĂ©cifiques » pour les secteurs du tourisme, de lâhĂŽtellerie, de la restauration, de la culture et de lâĂ©vĂ©nementiel, seront durablement affectĂ©s.
â une aide « exceptionnelle » aux familles les plus modestes avec des enfants.
Plus tard, nous regardons « Seven sisters », thriller dâanticipation, assez rĂ©ussi. Chose amusante en ce jour, le titre original est « What happened to Monday ? »
Photographie : 29e jour dâenfermement, et encore autant qui nous attendent !
–
28e jour â dimanche 12 avril, Profitons de la vie, pas des soldes.
Le vieux monde sâinquiĂšte et essaie de reprendre la main. Le Medef, les politiciens de droite, sociaux-dĂ©mocrates et populistes, les dictatures, les fondamentalistes religieux, les banques et les assurances craignent que cette pĂ©riode diminue leur emprise sur nous. Ils se font de plus en plus agressifs dans les mĂ©dias, afin que :
- le sauvetage de « lâĂ©conomie » (les bĂ©nĂ©fices privĂ©s) redevienne au plus vite la prioritĂ© face Ă la crise sanitaire ;
- le triptyque voiture/consommation/télé redevienne la norme dans les pays riches (pour les pays pauvres, on raye juste la mention « voiture »).
Il faut les comprendre :
- Nous, consommateurs, sommes en train dâavoir la preuve que les mĂ©tiers importants, ceux qui sont maintenus malgrĂ© tout, sont parmi les plus mal payĂ©s et les moins considĂ©rĂ©s. Soignant-es, aides-Ă -domicile, Ă©boueurs, caissier-es, forces de lâordre (dont les surveillants de prison, mes collĂšgues), agriculteur-es, facteur-es et employĂ©-es de messageries, transporteurs locaux, enseignants, ils et elles (surtout elles) gagnent deux Ă cent fois moins que leurs patrons et actionnaires.
- Nos loisirs de week-end ne consistent plus Ă parcourir en famille les centres commerciaux, ce qui nous permet de (re)dĂ©couvrir des activitĂ©s non marchandes, moins gĂ©nĂ©ratrices de frustrations. Or, le sentiment de frustration est le moteur de la consommation. Moins sollicitĂ©s, nous achetons moins de produits inutiles fabriquĂ©s Ă bas prix dans des pays lointains, transportĂ©s au dĂ©triment de la qualitĂ© de lâair et de lâĂ©tat des routes, sur-emballĂ©s et dont la qualitĂ© de fabrication fait quâils terminent vite dans nos dĂ©charges dĂ©jĂ bien encombrĂ©es.
- Nous sommes trĂšs nombreux Ă profiter de notre heure dâactivitĂ© physique journaliĂšre alors que nous ne bougions pas auparavant. Si lâhabitude perdure aprĂšs le confinement, les bĂ©nĂ©fices sur la santĂ© publique â amplifiĂ©s par le ralentissement de la pollution â pourraient impacter les bĂ©nĂ©fices financiers privĂ©s des industries et services mĂ©dicaux et paramĂ©dicaux.
- Nous nous rendons enfin compte que diminuer les moyens de lâenseignement et de la santĂ© nâest pas le signe dâune saine gestion des ressources, mais le choix de sacrifier lâavenir pour les profits immĂ©diats des grands groupes qui fabriquent des centrales atomiques dĂ©faillantes, des lignes de TGV et des autoroutes en surnombre.
- Et jâen passe, vous complĂ©terez vous-mĂȘmes.
Tout cela, si nous y réfléchissons, peut nous mener vers un constat que les tenants de la mondialisation libérale préféreraient éviter :
Nos besoins primaires â Ă©nergie, logement, alimentation, santĂ©, Ă©ducation, sĂ©curitĂ©, culture â et nos biens collectifs â air, eau, terres et matiĂšres premiĂšres â ne devraient pas dĂ©pendre des spĂ©culations Ă©conomiques. Ils devraient ĂȘtre gĂ©rĂ©s collectivement, au niveau local, rĂ©gional, continental et planĂ©taire en fonction des particularitĂ©s de chacun de ces besoins.
Le systĂšme Ă©conomique mondial ne fonctionne que dâune seule façon : transformer tout ce qui est bien commun en bĂ©nĂ©ficies privĂ©s. Sâil veut que cela perdure, il doit Ă tout prix renforcer chez nous ce quâil nous a inculquĂ© depuis des dĂ©cennies :
- Le travail. Cette denrĂ©e se rarĂ©fie grĂące aux progrĂšs techniques. Mais au lieu de libĂ©rer du temps Ă chacun en rĂ©partissant la charge et les gains de productivitĂ©, on prĂ©fĂšre abrutir de travail une minoritĂ© et laisser les autres sans revenus tout en leur faisant croire que câest de leur faute sâils sont au chĂŽmage. Qui cherche trouve, vous nâavez quâĂ traverser la rue.
- La frustration et lâenvie. Nous avons les moyens de satisfaire les besoins primaires de chacun sur la planĂšte. Mais quel intĂ©rĂȘt ? Il est beaucoup plus rentable dâamener les populations Ă dĂ©sirer ce quâelles nâont pas, afin de les amener Ă consommer du superflu EN PLUS des besoins primaires. Mais, mon vieux, tâes larguĂ© : ton tĂ©lĂ©phone a au moins deux ans !
- LâĂ©goĂŻsme et lâindividualisme. Ils sont essentiels pour que des chaĂźnes de solidaritĂ© ne se crĂ©ent pas hors du contrĂŽle du pouvoir : elles pourraient aboutir Ă des modĂšles socio-Ă©conomiques respectueux des gens et de lâenvironnement, fonctionnant sans multinationales, banques, gouvernements centraux. La pseudo solidaritĂ© officielle et moralisatrice mise en place depuis des siĂšcles (charitĂ©) ou des dĂ©cennies (campagnes de dons) ne sert quâĂ nous donner bonne conscience et Ă faire payer aux particuliers ce que la collectivitĂ© devrait prendre en charge. Dieu vous le rendra au centuple.
- Lâignorance et sa consĂ©quence, la bĂȘtise. Câest essentiel pour maintenir le systĂšme. Des gĂ©nĂ©rations dâindividus incultes et satisfaits dâeux-mĂȘmes ne remettront jamais en cause un systĂšme dont elles sont persuadĂ©es que, sâil les maltraite, câest la faute des Ă©trangers, des syndicats, des noirs, des fonctionnaires, des arabes, des femmes au travail, etc. Jâutilise un 4×4 pour faire mes courses, câest mon choix : je suis libre, non ?
Dans nos dĂ©mocraties, les prochains discours et dĂ©cisions seront probablement lâillustration de la stratĂ©gie des dominants telle quâelle est trĂšs Ă©lĂ©gamment rĂ©sumĂ©e par Tancredi Falconeri, personnage clĂ© du roman « Le GuĂ©pard » :
Nous aurons donc droit Ă des promesses, peut-ĂȘtre mĂȘme Ă des dĂ©cisions laissant croire que le pouvoir a compris la leçon : revalorisation de certains salaires et mĂ©tiers, relocalisation et Ă©ventuellement nationalisation partielle de certaines activitĂ©s (rachetĂ©es au prix fort aux multinationales Ă qui nous les avons cĂ©dĂ©es pour une bouchĂ©e de pain). Peut-ĂȘtre tĂȘtes tomberont-elles. Quelle importance ? Un ministre ou un autre, un prĂ©sident ou un autre⊠câest le systĂšme qui compte.
Et il ne changera pas par le haut.
Et parmi les « gens dâen-bas », dont nous sommes, beaucoup ne voudront pas non plus que cela change.
Alors, que faire ?
Des solutions existent et elles sont dĂ©jĂ mises en Ćuvre localement par des particuliers ou des collectivitĂ©s. Il faut que nous soyons plus nombreux Ă adopter ces comportements.
Le principe de base est de consommer différemment afin de couper les revenus des entreprises multinationales qui sont seules à avoir le pouvoir et dont les dirigeants politiques sont, globalement, les obligés.
Consommons local.
Nâachetons que ce dont nous avons rĂ©ellement besoin.
Privilégions les produits de qualité, solides et réparables.
Fournissons-nous auprĂšs des producteurs les plus proches.
Rencontrons nos voisins.
Investissons les Ă©lections locales, les sections syndicales dâentreprises.
Ne votons plus ou votons pour des personnes qui nâont jamais Ă©tĂ© Ă©lues et qui vivent la mĂȘme vie que nous.
Mettons en place un revenu universel. Les femmes et les travailleurs pauvres pourront ainsi refuser les mĂ©tiers dĂ©gradants et sous-payĂ©s jusquâĂ ce quâils soient considĂ©rĂ©s Ă leur juste valeur.
Allons au théùtre, au concert et au cinéma de quartier pour que nos loisirs rétribuent les artistes plutÎt que les multinationales.
Profitons de la vie, pas des soldes.
27e jour â samedi 11 avril, le poids du confinement
Il fait toujours beau, mais la mĂ©tĂ©o promet du changement pour bientĂŽt. CB et moi bullons tranquillement dans le salon ensoleillĂ©. Elle comptait mettre de lâordre dans notre garage, qui sert de dĂ©barras, mais nâen fera rien.
JâĂ©change quelques courriels avec deux auteur-es qui, comme moi, rĂ©pondent Ă lâappel Ă texte des Ăditions Jacques Flament, pour lequel jâai proposĂ© Ă©galement une photographie. Nous relisons chacun les textes des deux autres.
Je continue mon sevrage momentanĂ© de protĂ©ines qui semble avoir eu lâeffet escomptĂ© : je suis descendu en une journĂ©e au-dessous du palier auquel je stagnais. A ceux qui diraient que le confinement nâest peut-ĂȘtre pas le meilleur moment pour un rĂ©gime, je ne puis que rĂ©pondre ceci : il y a deux moments pour faire un rĂ©gime. Tout de suite, ou une autre fois.
Jâai entendu dire que des personnes confinĂ©es sont confrontĂ©es au risque de la prise de poids, raison de plus pour faire attention ! Mais je suis tranquille : avec une heure de marche journaliĂšre, parfois remplacĂ©e par du jardinage intensif, je nâai jamais fait autant dâexercice depuis des annĂ©es ! Tous les feux sont au vert pour brĂ»ler mes graisses.
En attendant que CB relise la Ă©niĂšme mouture dâune nouvelle qui a dĂ©jĂ Ă©chouĂ© Ă bien des concours, je continue Ă petit rythme ma piĂšce de thĂ©Ăątre. Jusquâici je nâavais pas le feu sacré⊠mais je sens que ça vient !
A 17h nous partons en promenade. Il fait beau mais lĂ©gĂšrement moins chaud que les jours prĂ©cĂ©dents. Comme tous les jours nous passons devant un ensemble de ruches, et pour une fois lâapiculteur est lĂ . Nous le saluons de loin, il accepte que je le prenne en photo.
Je prĂ©pare le repas â omelette, champignons, ail et persil, accompagnement de salade verte â pendant que CB tĂ©lĂ©phone plus dâune heure Ă son amie cadre supĂ©rieure au CHU de Bordeaux. Dans la rĂ©gion Grand Est, la surmortalitĂ© Ă compter du 9 mars est qualifiĂ©e d’exceptionnelle et elle atteint 269 % dans le Haut-Rhin. Cela ne me donne pas envie de sortir !
AprĂšs le repas, nous regardons « La dĂ©chirure » de JoffĂ©. Film que nous avions vu â chacun de son cĂŽtĂ© car nous ne nous connaissions pas â Ă lâĂ©poque de sa sortie en 1984.
Trente-six ans aprĂšs, il reste regardable, mais comme la premiĂšre fois, me semble trop larmoyant.
Photographie : GrĂące Ă la rĂ©duction des activitĂ©s polluantes, les abeilles auront peut-ĂȘtre moins de pertes cette annĂ©e ?
26e jour â vendredi 10 avril, privĂ©s de FinistĂšre
Je me rĂ©veille tĂŽt, travaille un peu sur ma piĂšce de thĂ©Ăątre, prend le cafĂ© avec CB, puis, fatiguĂ©, me recouche une heure sans parvenir Ă trouver le sommeil. Le soleil sâinstalle tranquillement, chassant la fraĂźcheur matinale.
ConsĂ©quence dâune des pĂ©riodes de rattachement Ă lâAllemagne, aujourdâhui est un jour fĂ©riĂ© en Alsace et en Moselle (le 24 dĂ©cembre aussi, mais on en reparlera lors de la 284e chronique, si vous le voulez bien). Si je regarde mon agenda, je vois que nous Ă©tions censĂ©s partir en congĂ©s, une semaine dans un village de vacances du FinistĂšre. Nous avions un tarif sympa par une association des personnels du MinistĂšre de la Justice. A lâallĂ©e, nous serions allĂ©s rendre visite Ă la sculpture Mimi, dans le Morbihan (voir chronique du 5e jour).
Aujourdâhui, suite du jardinage : je vais dĂ©barrasser le potager de ses herbes sauvages et mĂ©langer sa terre avec du compost.
Pour essayer de débloquer mon poids qui reste en palier depuis 10 jours, je ne mange pas de protéines à midi et pas de complément alimentaire de fin de journée.
CB sâĂ©tait portĂ©e volontaire pour renforcer lâĂ©quipe de la blanchisserie de lâhĂŽpital en ce jour fĂ©riĂ©. Mais elle revient 10 minutes aprĂšs son dĂ©part, ayant reçu un message disant quâil y a suffisamment de monde : elle peut rester chez elle. Les jours fĂ©riĂ©s ne sont plus ce quâils Ă©taient !
Faisant un pause de jardinage, Ă lâombre du mirabellier, nous discutons un peu avec nos deux jeunes voisins, qui ont une fille de 3 ans et un nourrisson. Comme nous, ils ont un grand jardin, ça se passe plutĂŽt bien. Ils rĂ©flĂ©chissent au futur, envisagent dâadopter un mode de vie plus simple, plus naturel : le changement a commencĂ©, autant ne pas sâarrĂȘter en chemin !
AprĂšs un peu de travail en plein soleil, jâai un nouveau coup de fatigue et vais de nouveau me coucher, sans vraiment dormir.
Plus tard, je termine de retourner le potager avant le repas : bar au four + un mélange de haricots verts et haricots beurre.
AprĂšs le repas, prise de contact tĂ©lĂ©phonique avec lâune des auteures du site MDA. Elle souffre dâinsomnie⊠Comme moi, et comme certains Ă©tudiants dont sâoccupe CB (nâoublions pas quâelle contribue Ă la formation des futurs personnels soignants, ceux que lâon applaudit le soir au balcon mais que lâon prie de foutre le camp de lâimmeuble pour ne pas contaminer les gens biens).
Tant quâon y est, je reprends lâavis du Haut Conseil de la SantĂ© publique qui conclut Ă lâabsence dâefficacitĂ© de la dĂ©sinfection des rues et du mobilier urbain par certaines municipalitĂ©s. Sans effet sur la propagation du virus, ces javellisations sont au contraire nocives pour la santĂ© des riverains, pour les sols et les eaux.
Ces actions hypocrites servent-elles Ă berner les citoyens en leur faisant croire que leurs Ă©diles sâoccupent dâeux ?
Ou, plus pervers encore, sâagit-il de lutter contre la baisse de la pollution causĂ©e par le ralentissement de lâĂ©conomie ? Au cas oĂč les citoyens du Monde trouveraient ça trop bien et voudraient poursuivre lâexpĂ©rience !
En soirée, nouvelle tentative de trouver un film sympa : « Eva », avec Huppert. Je tenais à le voir car certains collÚgues de la prison y ont tenu des rÎles de figurants⊠mais ce film nous semble long, lent, peu crédible.
Photo : Un bout du coin télé.
25e jour â jeudi 9 avril, reflet de nos vies confinĂ©es
Jâai conscience que cette chronique devient peu Ă peu monotone et rĂ©pĂ©titive⊠Elle nâest que le reflet de nos vies confinĂ©es.
Je me rĂ©veille vers 6h30 avec la tĂȘte pleine dâidĂ©es et lâenvie dâĂ©crire ! Je descend prĂ©parer cafĂ©, thĂ© et ma bouteille de drainant (rĂ©gime oblige). Les infos sont toujours les mĂȘmes : on ne sortira pas du confinement avant longtemps (date officielle : le 14 avril, mais on parle officieusement de mi-mai). Le nombre de dĂ©cĂšs sâaccroĂźt moins vite. LâOPEP se rĂ©unit aujourdâhui pour lutter contre lâeffondrement du prix du pĂ©trole qui met des pays en situation difficile : Venezuela, AlgĂ©rieâŠ
AprĂšs avoir lancĂ© une lessive couleurs, jâĂ©cris trĂšs rapidement la moitiĂ© dâune lâhistoire dont le thĂšme est : « Le jour oĂč j’ai eu une sensation de dĂ©jĂ vu ».
CB se lĂšve vers 9h, je prends un dĂ©ca avec elle pendant quâelle dĂ©jeune. Son programme pour aujourdâhui : jardinage ! Mais dâabord : bullage sur canapĂ© pendant que je continue Ă Ă©crire.
S. arrive vers 10h et dĂ©jeune Ă son tour. Elle a lu ma nouvelle version de « Ămancipation » :
â Câest mieux.
A ce jour, câest le meilleur compliment quâelle ait pu faire sur lâun de mes Ă©crits, qui ne lâintĂ©ressent pas.
Plus tard, aprĂšs quelques Ă©changes sur le site Maux dâAuteurs je vais au jardin. AprĂšs avoir empruntĂ© la brouette de notre voisine, je la remplis (au fait, savez-vous que je suis fan de ces utilitaires : https://sarcignan.zenfolio.com/p929324184) de compost bien frais et gluant que je vais mĂ©langer Ă la terre sĂšche et caillouteuse de notre terrain. Je plante quelques arbustes aux endroits dĂ©signĂ©s par CB et dĂ©place celui qui a eu lâidĂ©e de pousser cet hiver dans notre potager. Jâai envoyĂ© des photos pour savoir quelle est cette essence ; le frĂšre aĂźnĂ© de CB penche pour un fruitier de type prunier. Dâautres voient plutĂŽt un saule mais CB ne le croit pas. Et moi ? Je nây connais fichtrement rien !
Dâailleurs, il temps de lancer le bbq !
AprĂšs le repas, je termine le premier jet de ma nouvelle « dĂ©jĂ vu ». Ensuite, je retourne au jardin et bĂȘche le « champ de patates » de ma fille, une bande Ă©troite sur la façade Est de la maison. CB va marcher seule autour du village pendant que je continue Ă remuer le jardin.
Nouveau bbq, cĂŽtelettes dâagneau grillĂ©es, puis nous regardons des dĂ©buts de films sans quâun seul ne nous intĂ©resse vraiment : Seven sisters en VF, ce qui ne nous plaĂźt pas, La mule dâEastwood, Une nuit sur terre, de Jarmusch et autres, et le dĂ©but de Ratatouille que CB pensait ne pas avoir vu. Mais si ! De guerre lasse, nous allons nous coucher !
Photographie (CB) : Document exceptionnel : Sarcignan en train de jardiner. Câest presque aussi rare que de le voir courir ou laver sa voiture !
24e jour â mercredi 8 avril, la traque des mutants nâest pas crĂ©dible
Ce matin, Internet rame ! Les applications ne se lancent pas ou trĂšs lentement. Moment de stress : ne pas pouvoir accĂ©der au rĂ©seau est ce qui pourrait mâarriver de pire, mĂȘme sans ĂȘtre confinĂ©. Je suis addict au web depuis 1999, câest maintenant trop tard pour dĂ©crocher ! Je mâinquiĂšte pour S qui a des dissertations Ă rendre. Finalement le dĂ©bit se normalise avant quâelle ne se rĂ©veille. Est-ce un problĂšme de fournisseur dâaccĂšs ? De surconsommation locale ?
Le cap des 10 000 morts du coronavirus a Ă©tĂ© dĂ©passĂ© en France. La question du dĂ©confinement se fait trĂšs prĂ©sente dans les mĂ©dias, qui nous disent en mĂȘme temps que le confinement nâest pas prĂšs de sâarrĂȘter.
Je travaille sur les rapports de dĂ©tenus quâune collĂšgue mâa envoyĂ©s afin que je les mette Ă jour pour la Commission dâapplication des peines de fin du mois, qui sera dĂ©matĂ©rialisĂ©e.
En discutant avec elle, je comprends que lâarticle basĂ© sur une source anonyme, paru il y a moins dâune semaine (voir chronique du 19e jour), est inexact. Il nây a pas Ă ce jour de dĂ©tenus atteints du Covid-19 dans la prison, mĂȘme sâil y a eu des suspicions qui ont entraĂźnĂ©es des mise en isolement. Par contre des collĂšgues surveillants, gradĂ©s, officiers et mĂȘme membres de la direction ont Ă©tĂ© plus ou moins atteints, certains nĂ©cessitant lâhospitalisation en rĂ©animation.
A midi, nous mangeons dehors, sous le parasol : poulet mariné « façon CB » et grillé au bbq, salade verte.
LâaprĂšs-midi, nous commençons Ă jardiner. Nous nâavons pas de pelouse ou gazon, mais un tapis de plantes sauvages. JâenlĂšve les plus encombrantes et celles qui font mal quand on marche dessus pieds nus : il est essentiel de pouvoir marcher pieds nus dans son jardin, je trouve !
Pour la premiĂšre tonte depuis lâautomne dernier, câest CB qui sây colle â elle adore ça. Elle attrape quand mĂȘme une sacrĂ©e suĂ©e et boit 1 litre dâeau en moins dâune heure !
Ma fille commence Ă sâennuyer. Le confinement lui pĂšse. Elle aimerait retrouver ses amis autrement que par le truchement dâĂ©crans. Comme elle a Ă©mis le souhait de donner son sang, CB lui propose de donner rendez-vous Ă ses amis pour le faire en mĂȘme temps. Comme ça, ils pourraient au moins se voir.
Le soir, nous mangeons dehors Ă©galement (maquereaux au four avec fenouil vapeur) avant dâaller nous promener tous les trois dans les lumiĂšres du soleil se couchant. Je discute de ma nouvelle sur le coronavirus avec S qui trouve que la partie oĂč les mutants sont traquĂ©s et tuĂ©s â directement inspirĂ©e de Van Voght â nâest pas crĂ©dible. Je la supprime en rentrant, je garde cette idĂ©e pour la version longue.
Plus tard, je fais par téléphone une longue séance de correction avec DN sur la nouvelle de science-fiction parodique : il y a un gros hiatus de concordance des temps, il faut faire des choix !
Avant dâaller dormir, je jette un Ćil et prends quelques notes pour mon prochain chantier : une piĂšce de science-fiction en un acte. Jâai tous les Ă©lĂ©ments, issus de trois nouvelles Ă©crites ces deux derniĂšres annĂ©es. Il y aura quatre personnages pour un acte en 4 scĂšnes.
Câest la deuxiĂšme piĂšce de thĂ©Ăątre que jâĂ©cris, jâen ai dâautres en projet… Pour quand jâaurai le temps !
Photographie : Un lézard de derriÚre le fagot.
23e jour â mardi 7 avril, comme un roman
Aujourdâhui, dernier jour de travail pour CB avant deux jours de congĂ©s.
AprĂšs son dĂ©part, je relis la nouvelle destinĂ©e au concours des Ăditions du Faune sur le thĂšme « Les autres ». Elle est Ă envoyer le 10 avril au plus tard, et il faut encore que mes correctrices la dĂ©couvrent. Et comme câest CB qui a le privilĂšge de faire chaque premiĂšre lecture, je dois attendre quâelle soit disponible.
Je rĂ©dige les premiers mots de la nouvelles pour la revue « La clartĂ© sombre des rĂ©verbĂšres », Ă laquelle je rĂ©flĂ©chis depuis plusieurs jours. Mon histoire sâinspire de trois Ćuvres qui mâont marquĂ© adolescent : « Le talon de fer » de Jack London pour lâutopie sociale, « Ă la poursuite des Slans » de A.E. Van Vogt pour la traque des mutants et « Les fleurs de fĂ©vrier » de Kenneth Harker pour la gĂ©nĂ©ration spontanĂ©e. Cela vient facilement et jâai fini un premier jet de 3 500 caractĂšres en moins de deux heures. Rien Ă voir avec la nouvelle sur lâillettrisme qui mâen a fait baver !
Je sors pour ma promenade. Seul, car S prĂ©fĂšre rester Ă la maison. Sur un chemin au milieu des champs, je suis contrĂŽlĂ© par deux gendarmes. Elle et lui sont en treillis et gilets pare-balles et roulent en 4×4 de la brigade cynophile : jâentends des aboiements dans la voiture. Cette fois, je trouve mon attestation du premier coup. Comme quoi je peux trĂšs bien me dĂ©brouiller sans CB. Parfois.
En marchant, je rĂ©flĂ©chis Ă la nouvelle. Jâimagine un autre titre pour la version raccourcie que je vais envoyer Ă la revue. Comme toujours, je pense aux « produits dĂ©rivĂ©s » de mon texte. Je vais essayer dâen tirer une version bien plus longue pour le concours des Ăditions du DĂ©sir sur le thĂšme « coronavirus », Ă rendre Ă la fin du mois. Et pourquoi pas un roman pour lâappel-Ă -textes de Folio-SF ? Câest Ă livrer tout dĂ©but mai⊠Eh voilĂ : je suis dĂ©bordĂ© !
A ce jour, je nâai jamais Ă©crit de roman, mĂȘme si jâen ai plusieurs en projet et dâautres dĂ©jĂ commencĂ©s. Câest une Ă©tape qui me semble difficile Ă franchir, comme la perte du pucelage : il faudrait que ça arrive vite, mais il faudrait AUSSI que ce soit bon !
De retour Ă la maison, je diminue la nouvelle Ă 2 500 caractĂšres. Câest trĂšs, trĂšs court ! Mais ça le fait quand mĂȘme.
Ensuite, repassage. Je termine la pile peu aprĂšs lâarrivĂ©e de CB, fatiguĂ©e mais enfin en congĂ©s !
Photographie : Comme dans mon Sud-Ouest natal, les agriculteurs des plaines dâAlsace cultivent du maĂŻs Ă grand renfort dâeau puisĂ©e dans les nappes.
22e jour â lundi 6 avril, impossible Ă©tat des lieux : tuile et mĂ©nage, courage et chocolat
Il nous arrive une tuile qui pourrait avoir des rĂ©percussions financiĂšres embĂȘtantes. CB et moi, quand nous avons dĂ©cidĂ© de quitter Bordeaux pour lâAlsace, avons mis en location nos logements respectifs, que nous nâavions pas fini de payer. Or CB vient dâapprendre que son locataire a posĂ© son prĂ©avis avec effet dans quelques jours. Ce nâest pas la peine de chercher un autre locataire : mĂȘme en admettant que quelquâun puisse envisager de sâinstaller en plein confinement, lâagence en charge de la location ne veut pas faire dâĂ©tat des lieux avant la fin du confinement.
Mais de quoi parle-t-on ? Quelle fin de confinement ? On imagine que cela va se faire par tranches⊠Faudra-t-il attendre la sortie du dernier confiné ? Cela peut prendre plusieurs mois !
Il va falloir faire attention aux dĂ©penses ; je suppose que nous allons arrĂȘter momentanĂ©ment les concerts, thĂ©Ăątres, cinĂ©mas, restaurants, musĂ©es et autres week-ends en amoureux ?
AprĂšs avoir envoyĂ© ma chronique du 20e jour à « Pourtant… », je fais une pose dans lâĂ©criture. Dâabord, parce que jâai beaucoup donnĂ© ces trois derniĂšres semaines, qui sont aussi les trois premiĂšres du confinement.
Ensuite, et surtout, parce que câest journĂ©e mĂ©nage. Je lance une lessive de blanc : des draps et la blouse de peintre de CB. Dâautres machines suivent. Câest S qui va Ă©tendre et dĂ©crocher le linge. Dans lâaprĂšs-midi, elle passe lâaspirateur dans toutes les piĂšces aprĂšs que jâai fait la poussiĂšre (succinctement : je touche le moins possible aux innombrables bibelots de CB). Je passe ensuite la serpilliĂšre dans les lieux de passage et nettoie les cuvettes de WC. Au fait, vous ai-je parlĂ© de ma passion pour les WC ? VoilĂ ce que ça donne : https://sarcignan.zenfolio.com/p1071199635
Faire une pause dans lâĂ©criture ne mâempĂȘche pas dâen parler. Je suis inscrit depuis quelques mois sur le site « Maux dâAuteurs » (MDA). On y pratique rĂ©guliĂšrement des concours de nouvelles de moins de 3 500 caractĂšres. AprĂšs chaque jeu, chacun fait lâeffort de commenter de façon constructive les textes des autres afin que nous puissions tous progresser. Plusieurs des textes que jâai prĂ©sentĂ©s mâont servi par la suite de base pour des nouvelles plus longues.
Nous venons dâavoir les rĂ©sultats du dernier concours dont le sujet Ă©tait « le courage », thĂšme national du « Printemps des poĂštes ». Jâai terminĂ© premier en prose et dernier en poĂ©sie !
Comme je nâai mĂȘme pas peur, voici, pour la postĂ©r(ior)itĂ©, mon poĂšme :
J’ai serrĂ© les dents
Jâai serrĂ© les dents face aux mĂąchoires des lions.
Je me suis jetĂ© Ă lâeau parmi les requins-marteaux.
Le grisou ne mâa pas empĂȘchĂ© dâaller au charbon.
Et par dessus les douves je suis monté au créneau.
« Il nâa pas froid aux yeux », disais-tu ;
Et mĂȘme : « des testicules ornent son postĂ©rieur. »
Tu me regardais de cet air entendu.
Moi, jâattendais que vienne lâheure
De te dire enfin que je nâai jamais eu
Assez de cran pour avouer ma peur.
AprĂšs ce grand moment dâĂ©motion, vous allez me demander : « Et le texte en prose ? »
Eh bien, par pure perversitĂ©, jâenvisage de lâintĂ©grer dans mon recueil de nouvelles sur la PremiĂšre Guerre mondiale â celui dont aucun Ă©diteur nâa voulu jusquâĂ prĂ©sent.
AprĂšs le mĂ©nage, je vais faire seul une marche dâune heure sous le franc soleil et le lĂ©ger vent tiĂšde qui vient du sud. CB rentre fatiguĂ©e, mais tient Ă faire comme prĂ©vu une tarte feta/Ă©pinards/saumon et un dĂ©licieux fondant au chocolat pour fĂȘter les 19 ans de S. Tant pis pour le rĂ©gime !
CB et moi regardons le 2e Ă©pisode de « Manon, 20 ans » avant dâaller nous coucher.
Photographie : AprĂšs trois semaines de confinement, la nature reprend ses droits.
21e jour â dimanche 5 avril, 10 kg, trois semaines, 19 ans, 1000 saisons
Jâai eu froid cette nuit, comme la prĂ©cĂ©dente ! Peut-ĂȘtre un effet secondaire du rĂ©gime que jâai commencĂ© avant le confinement et que je poursuis avec succĂšs : 10 kg perdus depuis dĂ©but janvier. Encore 10 autres et ce sera bien, dâaprĂšs ma cardiologue !
CB continue Ă peindre son tableau. Elle y intĂšgre du sable. Mais ce nâest pas fini !
Le vote en ligne pour le Prix « Mille saisons » 2020 fonctionne enfin. Ma nouvelle « Au temps pour moi » est en lice. Les possesseurs du livre « Revenir de lâAvenir » peuvent voter sur le site de lâĂ©diteur en utilisant le code indiquĂ© sur la derniĂšre page. On peut voter aussi pour la meilleure illustration, le meilleur court-mĂ©trage et la meilleure musique, tous inspirĂ©s par les nouvelles du recueil. TroisiĂšme effet Pangolin (voir chroniques prĂ©cĂ©dentes) : la musique qui a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e en 2019 pour accompagner mon texte sâappelle : « Corona borealis ».
Je continue Ă retoucher ma nouvelle de science-fiction, quâil faut envoyer ce soir Ă PrĂ©sence dâEsprits. Quant Ă ma celle de 1983, « Avant la pluie » (voir chronique du 18e jour), elle est en ligne sur le site des Ăditions Noir dâAbsinthe. Une lectrice me signale quâil y a une faute dâaccord et une faute de temps⊠VoilĂ ce que câest quand on travaille sans ses correctrices !
Je commence Ă ĂȘtre moins angoissĂ© par rapport au virus⊠Comme beaucoup de Français : les messages dâinformation insistent pour ne pas relĂącher le confinement et certaines municipalitĂ©s prennent des arrĂȘtĂ©s plus contraignants que les exigences gouvernementales. Un peu partout, des personnes qui rĂ©flĂ©chissent Ă lâavenir sâintĂ©ressent Ă ces laboratoires locaux. Il y a celles qui veulent savoir si câest le bon moment pour restreindre un peu plus (ou beaucoup plus) les libertĂ©s individuelles et collectives. Il y a celles qui veillent et donnent lâalerte : jusquâĂ quel point un sentiment illusoire de sĂ©curitĂ© doit il prendre le pas sur notre qualitĂ© de citoyen ?
CB parle dâun possible effet boomerang : une deuxiĂšme vague dâĂ©pidĂ©mie qui pourrait toucher les personnes Ă©pargnĂ©es par la premiĂšre. Merci CB, de nous remonter le moral !
Cela me donne Ă rĂ©flĂ©chir pour le texte que je vais proposer Ă JF Ăditions, sur le thĂšme du Covid-19. Jâai dĂ©jĂ un titre et une idĂ©e de dĂ©part. Il y est question de lâaprĂšs confinement. Mais il y aura-t-il un aprĂšs ? Le confinement ne va-t-il pas devenir la norme, avec comme corollaire le couvre-feu et les milices ? Lâanticipation est un genre que jâadore, mais il faut lâĂ©crire vite car la rĂ©alitĂ© a tendance Ă dĂ©passer lâinfection, en ce moment.
Nous regardons le premier épisode de la mini-série « Manon, 20 ans », qui est la suite de la trÚs réussie trilogie « 3 x Manon ».
Sans ma fille, qui a des dissertations Ă Ă©crire. Et puis elle nâaime plus regarder des films ou des sĂ©ries avec les vieux. Demain, elle fĂȘte ses 19 ans !
Photographie : Le tableau de CB avance au fil des week-ends⊠moins vite que lâĂ©pidĂ©mie ! EspĂ©rons que cette derniĂšre se terminera avant le vernissage !
Lire cette chronique Ă partir du 40e, 30e, 20e, 10e, 1er jour.
20e jour â samedi 4 avril, label rouge
Peu fatiguĂ© Ă cause de mon manque dâexercice et de travail, je me lĂšve vers 6h45. CB et S dorment encore. AprĂšs le petit dĂ©jeuner, je rĂ©Ă©cris les Chroniques de ce « Foyer de contagion », truffĂ©es de fautes de français et de copier-coller (vous comprenez pourquoi jâai DEUX correctrices?). Jâen profite pour donner plus dâampleur Ă la partie « Prison » afin de mieux faire connaĂźtre mon mĂ©tier, qui est rare.
CB part faire les courses et rentre vers midi. Il y avait plus de monde que dâhabitude et les accĂšs nâĂ©taient pas filtrĂ©s. Nous faisons notre premier barbecue de lâannĂ©e et mangeons sur la terrasse du jardin. Il y a un vent froid du nord mais il fait trĂšs beau.
Je continue de rĂ©crire les chroniques pendant que CB relit ma nouvelle de science-fiction. Elle y trouve des corrections Ă apporter mais, surtout, elle ne voit pas lâintĂ©rĂȘt de lâhistoire. OĂč nous mĂšne-t-elle ? Je comprends ce quâelle veut dire : je lâai Ă©crite il y a quelques mois en pensant dĂšs le dĂ©part quâelle serait par la suite intĂ©grĂ©e dans le roman des Gooseneck. RĂ©sultat : le lecteur nây comprend rien, il lui manque trop dâĂ©lĂ©ments, il ne se sent pas concernĂ© par les enjeux. Il me reste 24 heures pour retravailler le tout.
A 16h, nous partons nous promener, à petite allure : CB est fatiguée.
Jâai reçu un mail des Ăditions Jacques Flament qui acceptent lâune de mes photographies pour le numĂ©ro 3 de la revue « La clartĂ© sombre des rĂ©verbĂšres ».
AprÚs le repas nous regardons le joli et mélancolique film « The bookshop ».
Ensuite, je modifie la nouvelle de SF pour lui donner plus de sens.
Photographie : Nous mangeons notre poulet « label rouge » / salade sur la terrasse.
19e jour â vendredi 3 avril, manque de cannabis et coup de fatigue
CB est dĂ©jĂ au travail quand je me lĂšve. Aujourdâhui, avec quelques cadres-formateurs de lâIFSI, elle va donner un coup de main Ă la buanderie oĂč certains Ă©quipements, jetables dâordinaire, sont soigneusement lavĂ©s et remis en service.
Un article est paru hier dans la presse rĂ©gionale : sous couvert dâanonymat, collĂšgue surveillant parle de la situation en prison. La dĂ©tresse des agents en sous-nombre et dĂ©pourvus de masque, lâimpossibilitĂ© de tenir la distanciation sociale, lâanxiĂ©tĂ© des dĂ©tenus, dâautant plus que lâarrĂȘt des visites aux parloirs a mis fin Ă lâapprovisionnement de cannabis. La consommation et le trafic en sont interdits â et sanctionnĂ©s quand les contrevenants sont pris â mais il y en toujours un peu qui Ă©chappe aux contrĂŽles et aux fouilles.
Une collĂšgue mâenvoie une demande sur le dĂ©roulement dâun mariage en dĂ©tention : jâen avais organisĂ© un il y a deux ans mais je ne me souviens plus de tous les dĂ©tails.
Je commence Ă Ă©laborer une trame pour une piĂšce de thĂ©Ăątre de SF en un acte, Ă remettre Ă la fin du mois dans le cadre du Prix Aristophane. Je vais me servir des nouvelles « Au temps pour moi », « Terra incognita » et « Du mĂȘme monde », qui serviront Ă©galement de structure pour le roman des Gooseneck. Cette façon de procĂ©der est directement inspirĂ©e de celle de lâĂ©crivain AE Van Vogt, qui fut longtemps mon auteur de rĂ©fĂ©rence en SF. Au fait, qui sait que la traduction française de son « Le mondes des à » est lâĆuvre de Boris Vian ?
Isabelle, Christine et Gilles, de la revue « Pourtant », me posent des questions pertinentes sur mes activitĂ©s et sur la cohĂ©rence de ma chronique. Je saisis lâoccasion de rĂ©flĂ©chir Ă ce travail, dont je rappelle que câest une premiĂšre pour moi. Je dĂ©cide de reprendre chaque texte depuis le dĂ©but, dâen corriger les fautes, dâen renforcer la cohĂ©rence.
Pour la premiĂšre fois depuis le dĂ©but du confinement, jâai un coup de fatigue. Un lĂ©ger rhume et une sensation de froid persistante. AprĂšs le repas avec S, je fais 3/4 dâheure de sieste avant notre promenade.
CB revient, fatiguée elle aussi. Ce soir, nous devions aller voir Rosedale au Casino de Blotzheim. A la place, nous regardons les deux derniers épisodes de « Agent Carter ».
Photographie : CB au travail Ă la blanchisserie de lâhĂŽpital (photo DR).
18e jour â jeudi 2 avril, l’attestation manuscrite perdue de J Michel
Plus de 500 morts dans les hĂŽpitaux français ces derniĂšres 24 heures. Le cap des 4.000 est atteint, lâEspagne arrive Ă 10.000 !
Le premier ministre a annoncĂ© que le dĂ©confinement se fera lentement et progressivement, sur des modalitĂ©s qui restent Ă dĂ©finir. Je mâinterroge : quand pourront sortir les personnes fragiles et non immunisĂ©es, comme câest probablement mon cas ? Jâimagine que ce sera quand il y aura suffisamment de places en rĂ©animation pour traiter ceux qui auront la maladie aprĂšs-coup.
Je rĂ©dige une rĂ©ponse Ă lâattention du dĂ©tenu qui mâa Ă©crit. Jây joins deux rĂšglements de concours dâĂ©criture, charge Ă lui de les faire connaĂźtre aux Ă©ventuels codĂ©tenus qui seraient intĂ©ressĂ©s. LâannĂ©e derniĂšre, certains ont obtenu des prix au niveau national.
Nouvel appel de ma collĂšgue, toujours pour le dossier SIAO du libĂ©rable. Nous en profitons pour parler de la prochaine Commission dâapplication des peines : jâai quatre rapports Ă remettre mais aucun moyen dâaccĂšs Ă mes dossiers : la confidentialitĂ© exigĂ©e par nos mĂ©tiers interdit lâusage du tĂ©lĂ©travail. Nous allons rĂ©flĂ©chir Ă la façon de procĂ©der.
Cruelle dĂ©ception : une nouvelle dont jâĂ©tais trĂšs fier nâa pas Ă©tĂ© retenue pour le numĂ©ro de la revue « Galaxies » en hommage Ă Marie Shelley et son Frankenstein. Lâanthologiste me propose de lâinscrire pour le Prix annuel Alain le Bussy. Jâaccepte, mais sans trop dâespoirs : je nâai pas retravaillĂ© le texte, il ne sera donc pas meilleur.
TraĂźnant un peu sur le web, je tombe sur un appel Ă textes des Ă©ditions Noir dâAbsinthe pour une micro nouvelle. Le dĂ©lai de soumission se termine dans… vingt minutes ! Jâadapte fissa une trĂšs vieille histoire (la premiĂšre version date de 1983) et lâenvoie. Sans conviction.
Dans la foulĂ©e, jâadapte trois nouvelles pour des concours Ă venir, prenant en quelque heures un mois dâavance ! Cela va me libĂ©rer du temps pour des projets plus complexes : un pseudo-roman de SF en cours, lâadaptation dâune nouvelle de SF en piĂšce de thĂ©Ăątre. Et, surtout, la prĂ©paration de mon premier « vrai » roman de science-fiction, dĂ©veloppĂ© Ă partir de la nouvelle « Au temps pour moi » dĂ©jĂ mentionnĂ©e dans une chronique prĂ©cĂ©dente.
Tiens, je nâai pas encore parlĂ© de CB ! Elle travaille, elle se prĂ©occupe pour sa mĂšre, elle fatigue. Vivement les vacances, prĂ©vues Ă partir de mercredi prochain.
Photographie (de CB) : Lors de notre marche du jour, nous rencontrons lâattestation manuscrite dâun certain J Michel. Comme quoi je ne suis pas le seul maladroit !
17e jour â mercredi1eravril, le linge sale en famille
Je me lĂšve avant 6h00 aprĂšs une nuit agitĂ©e : trop de dĂ©ca ? Pas assez dâexercice, certainement !
CB va travailler cet aprĂšs-midi Ă la blanchisserie de lâhĂŽpital. Elle fera de mĂȘme les prochains jours fĂ©riĂ©s (dont le vendredi Saint, fĂ©riĂ© en Alsace et Moselle) pour supplĂ©er le manque de bras : en temps ordinaire, la blanchisserie nâest pas ouverte le week-end.
Je reçois un appel dâune collĂšgue : nous remplissons en commun le dossier de demande dâhĂ©bergement dâune personne qui va ĂȘtre libĂ©rĂ©e prochainement. AprĂšs des annĂ©es de dĂ©tention, elle nâa plus aucun point de chute. Câest une situation trĂšs problĂ©matique, avec des tenants sociaux et mĂ©dicaux. Nous travaillons en Ă©troite collaboration avec la Juge dâapplication des peines et le SIAO, organisme chargĂ© de gĂ©rer lâaccĂšs au logement des personnes sans abri (plus connu sous son numĂ©ro dâappel : le « 115 »).
Dans la matinĂ©e, je rĂ©dige (trop) rapidement les chroniques des jours 5 Ă 10 du confinement, avant de mâattaquer aux nouvelles Ă livrer ces prochains jours. Il y a un appel Ă textes sur l’automne qui devrait dĂ©boucher sur un recueil. Jâadapte une nouvelle Ă©crite derniĂšrement pour un jeu littĂ©raire entre membres du site « Maux dâauteurs ».
Je passe un petit coup de balai et de serpilliĂšre (ou bĂąche, since, estrasse, loque, loque Ă reloqueter, moppe, vadrouille, panosse, patte, peille, piĂšce Ă frotter, torchon, toile Ă laver, wassingue, câest comme vous voulez).Ensuite tournĂ©e de lessive et quelques photographies pour alimenter cette chronique. Il fait soleil et plutĂŽt doux, le vent sâest affaibli.
Pendant le repas, ma fille et moi Ă©coutons les informations sur France Inter. Jâessaie de le faire chaque jour, Ă 13h00 et 19h00.
AprĂšs que nous ayons dĂ©barrassĂ© la table, S va Ă©tendre le linge et je reprends mon travail Ă lâordinateur. Les chroniques 1 Ă 6 ont Ă©tĂ© mises en ligne, il faut que je fournisse !
Comme chaque fois que CB travaille à la lingerie, elle rentre plus tard et je vais marcher avec ma fille. En rentrant, je prépare le poulet et les patates au four pour le repas du soir. S préparera le sien de son cÎté : elle est végétarienne.
Dans la soirĂ©e CB mâannonce que sa mĂšre a fait un malaise, elle est hospitalisĂ©e. Toute sa famille est sur le qui-vive.
AprÚs que nous ayons regardé un nouvel épisode de notre série, je retouche :
â une nouvelle de « hard science-fiction » pour participer au concours de PrĂ©sence dâEsprits. Leur concours prĂ©cĂ©dent mâavait valu un deuxiĂšme prix et une Ă©dition dans la revue AOC.
â une nouvelle de science-fiction parodique pour le concours de la revue Le Faune, Ă laquelle je vais Ă©galement proposer des photographies sous le nom de Sarcignan
Photographie : Journée blanchisserie pour CB comme pour ma fille et moi !
16e jour â mardi 31 mars, nouvelle peu convaincante
LevĂ© avant CB, je petit-dĂ©jeune avec elle. Jâai la nouvelle pour BĂ©ziers Ă finir dâĂ©crire dans la journĂ©e.
Ma collĂšgue du SPIP me fait parvenir une lettre Ă mon attention de la part dâun dĂ©tenu.
Il fait beau, trĂšs beau mĂȘme, mais le temps reste frais : moins de 10°C.
Je me concentre sur la nouvelle dont je termine le premier jet peu aprĂšs le repas pris en commun avec ma fille. En attendant que CB puisse la relire, je retouche une autre histoire pour un appel Ă textes sur lâautomne.
Je reçois un courriel de lâassociation BienVenus sur Mars : ma nouvelle « Dans les limbes » est retenue parmi les 14 de lâanthologie « Âż RĂ©versible / IrrĂ©versible ? » Ă paraĂźtre dans quelques semaines.
CB rentre de travail, nous partons marcher une heure. Elle continue Ă tĂ©lĂ©phoner et recevoir des appels concernant sa mĂšre et les actions Ă mettre en place. Nous avons quand mĂȘme le temps de discuter de ma nouvelle pour BĂ©ziers, quâelle trouve peu convaincante. Nous mettons au point quelques Ă©lĂ©ments pour lâamĂ©liorer.
Photographie : Les crapauds font la cour Ă CB, mais câest moi son prince charmant !
15e jour â lundi 30 mars, et Pourtant…
Au matin, entretien tĂ©lĂ©phonique avec ma collĂšgue de permanence Ă la prison. Elle va de nouveau en dĂ©tention faire des entretiens professionnels : nous avons une allocation de masques. Elle a besoin de renseignements concernant une personne que jâaccompagne, je lui donne mes codes pour quâelle puisse accĂ©der Ă mon environnement informatique.
Pour rĂ©pondre Ă des concours, jâenvoie deux « vieilles » nouvelles aprĂšs les avoir adaptĂ©es aux contraintes de taille et de thĂšme. Je progresse Ă©galement dans lâĂ©criture dâune histoire rĂ©pondant Ă un appel Ă textes du Festival fantastique de BĂ©ziers pour⊠demain ! Le thĂšme : le fantastique et la mer !
AprĂšs la marche rituelle avec CB, je reçois un courriel de lâanimateur de la revue « Pourtant » qui me propose de publier en ligne un journal de confinement contenant un texte et une photo par jour. Je suis surpris, nâayant jamais fait cela, mais jâaccepte dâautant plus facilement que :
â jâai pris des notes depuis le premier jour ;
â mon appareil photo sâendort depuis quelques semaines !
Jâenvoie une premiĂšre proposition dans la soirĂ©e.
La radio mâinforme des premiers dĂ©cĂšs liĂ©s Ă lâautomĂ©dication Ă la chloroquine. Je suis abasourdi : comment peut-on ĂȘtre aussi stupide ?
CB continue à passer du temps au téléphone avec sa famille. Elle pense que sa mÚre, trÚs affaiblie par sa leucémie, vit ses derniers jours.
Elle appelle ensuite une amie, cadre supérieur au CHU de Bordeaux à qui elle fait part de la situation à Colmar. Elle lui permet ainsi de se faire une idée de ce qui les attend dans quelques jours, quelques semaines.
Nous décompressons ensuite en regardant, comme tous les soirs en semaine, un épisode de Agent Carter.
Photographie : Terre de frontiĂšres et dâĂ©changes, lâAlsace manque de mystĂšres. Nous avons donc crĂ©Ă© nous mĂȘmes notre (petit) Stonehenge.
14e jour â dimanche 29 mars, vivre de son art
Temps froid et humide. Pourquoi faut-il que cela se gĂąte au moment du week-end ?
CB peint, elle est heureuse. Ne le rĂ©pĂ©tez pas, mais finalement, je mâadapte trĂšs bien Ă cette situation Ă©trange. Nous avons la chance dâavoir un jardin, dâĂȘtre entourĂ©s de champs, riviĂšre et forĂȘt et, nâayant ni animaux ni enfants en bas Ăąge Ă domicile, nos contraintes sont faibles !
Certes, nous ne pouvons plus sillonner la rĂ©gion et ses musĂ©es, salles de cinĂ©ma et de thĂ©Ăątre, ni passer nos samedis soirs Ă jouer au tarot avec des potes jusquâĂ deux heures du matin.
Mes journĂ©es ressemblent Ă ce que je ferais probablement si jâĂ©tais â comme dans mes rĂȘves les plus fous â un Ă©crivain-photographe vivant de son art ! Câest artificiel et ça ne durera pas, mais quelle sensation agrĂ©able !
CB nâest probablement pas de cet avis : elle sâĂ©puise au travail, elle va faire les courses seule alors que nous faisions toujours tout ensemble…
Je termine en milieu dâaprĂšs-midi la nouvelle sur lâillettrisme. AprĂšs notre balade quasi-quotidienne, je la montre Ă CB. Comme dâhabitude, elle fait une premiĂšre correction centrĂ©e sur les fautes dâorthographe et les incohĂ©rences du rĂ©cit. Une fois ces modifications intĂ©grĂ©es, je transmets le texte Ă DN qui vĂ©rifie syntaxe et conjugaison.
Je suis trĂšs fier : mes deux lectrices trouvent lâhistoire trĂšs amusante, trĂšs rĂ©ussie. Lâacharnement a payĂ© ! JâexpĂ©die la nouvelle Ă lâorganisateur dans la soirĂ©e, tout juste dans les dĂ©lais.
Photographie : J’apprends Ă regarder mon intĂ©rieur avec un Ćil neuf.
13e jour â samedi 28 mars, Lâillettrisme dĂ©masquĂ© ?
Il y a des effets positifs à cette épidémie.
Par exemple, depuis quelques semaines, nos amis et nos parents savent nous situer sur la carte de France ! Jusque lĂ , Colmar, Mulhouse, cela ne leur parlait pas.
Mais je me demande si cela va pour autant leur donner lâenvie de venir nous visiter plus souventâŠ
Je mâinterroge beaucoup, comme bien des personnes, sur lâaprĂšs confinement. Ăcologiste, jâentends les informations qui signalent que la pollution baisse en mĂȘme temps que lâactivitĂ© Ă©conomique. Solidaire, je me dis que ce qui se met en place pour aider les familles et les petites entreprises se rapproche de la notion de revenu universel. Serons-nous capable de poursuivre la mutation ? Pourrons-nous amener chacun Ă ne plus travailler pour produire des saloperies en plastique, des missiles ou des EPR ? A ne plus accepter des boulots fractionnĂ©s, prĂ©caires et mal payĂ©s alors quâils sont essentiels, comme on le voit aujourdâhui : soins et aide Ă domicile, distribution du courrier, commerces de proximitĂ©, animateurs, travailleurs sociaux, artistes.
Garderons-nous le rythme dâune heure de promenade par jour, si bon pour la santĂ© et pour saluer nos voisins, mĂȘme de loin ?
Ăa y est, jâai trouvĂ© une trame pour la nouvelle sur lâillettrisme. Le hĂ©ros de lâhistoire, pas bĂȘte mais ne sachant pas bien lire â ce quâil cache Ă son entourage â se retrouve dans des situations complexes oĂč son handicap lâamĂšne Ă faire des erreurs de plus en plus catastrophiques. Elles sĂšment la mort et la dĂ©solation sans quâil en ait bien conscience. Il nây a plus quâĂ lâĂ©crire et Ă la faire relire. Il me reste moins de deux jours !
Photo : Un masque a Ă©tĂ© jetĂ© dans le caniveau, devant lâarrĂȘt de bus.
12e jour â vendredi 27 mars, le deuxiĂšme effet Pangolin
Je me lÚve tÎt pour préparer le café (déca pour moi, santé oblige) et prendre le petit déjeuner avec CB qui, comme tous les matins, va sauver la France. Ouvrant ma messagerie, je vois :
â que ma collĂšgue de permanence me demande de faire une rĂ©ponse Ă un dĂ©tenu qui veut savoir oĂč en est son projet dâamĂ©nagement de peine. Je rĂ©dige une rĂ©ponse pour lui expliquer que tout est au point mort et que cela ne va pas bouger avant longtemps.
â que les Ăditions du Pangolin mâont envoyĂ© un message Ă 2h du matin (heure dâEnghien, Belgique). Ils me demandent mon adresse afin de mâenvoyer mon exemplaire du recueil de nouvelles dont je ne sais ni le titre, ni lâapparence : leur site Internet est endormi.
LâĂ©pidĂ©mie met en danger beaucoup de petits Ă©diteurs qui ont comme principaux lieux de vente les foires et salons du livre et les librairies avec lesquelles ils entretiennent des relations au quotidien.
Sâil vous plaĂźt : nâachetez pas sur nozamA, allez sur les sites des Ă©diteurs et des libraires !
AprĂšs-midi mĂ©nage, avec lâaide de ma fille, et repassage : la pile de linge commençait Ă vaciller, menaçant de nous ensevelir.
Lors de la marche de fin de journĂ©e avec CB, nous sommes contrĂŽlĂ©s par deux jeunes et beaux gendarmes en treillis et gilet pare-balles. Je rĂ©ussis Ă ne pas retrouver mon attestation, que jâavais pourtant sur moi. Du pur Sarcignan, ça. Pour faire diversion, CB leur fait son numĂ©ro : âJe rentre juste de lâhĂŽpital de Colmar, je sors de suite avec mon mari qui doit marcher rĂ©guliĂšrement car il est cardiaque, blablaâ. Ils la questionne aimablement sur son travail, quand un motard fait demi-tour en les voyant. Les deux militaires nous disent dây aller avant de grimper dans leur 4×4 low-cost.
Câest lĂ que je retrouve mon attestation.
Et pour lâillettrisme ? Eh bien, euh, jâai jusquâau 29 pour rendre ma copie, non ?
Photographie : Quand les livres sont inaccessibles, lâillettrisme est garanti. Mais nozamA nâest pas la solution !
11e jour â jeudi 26 mars, une dent contre le systĂšme
Aujourdâhui, moment mĂ©morable (aprĂšs coup) : dans une rĂ©gion dĂ©vastĂ©e par lâĂ©pidĂ©mie, au sein dâun hĂŽpital dĂ©bordĂ© par les malades du coronavirus, je me rends aux urgences dentaires ! Pour une fois que je sors de mon coconfinement ! Mais lâanxieux que je suis est vite rassurĂ© : secrĂ©taires mĂ©dicales, personnel soignant, chirurgiens-dentistes, tout le monde est masquĂ©, gantĂ©, et il y a des pschitteurs hydroalcooliques dans tous les coins. Dans le respect de la distance sociale, je suis bien accueilli et bien traitĂ©. Je les applaudirais bien le soir sur mon balcon, si jâavais un balcon et si je ne ne trouvais pas ça hypocrite de la part de gens qui critiquent les services publics Ă longueur dâannĂ©e.
JâespĂšre que, dĂ©sormais, je vais pouvoir manger normalement et vivre sans maux de tĂȘte.
Autre Ă©vĂšnement de la journĂ©e, bien plus sĂ©rieux : le G20 dĂ©bloque 5.000 milliards de dollars pour soutenir lâĂ©conomie mondiale. Cinq mille milliards. Pour lâĂ©conomie. Vous ne voyez pas le problĂšme ? Cherchez un peu sur Internet :
â Avec 270 milliards, on mettrait fin dĂ©finitivement Ă la faim dans le monde.
â En mettant 200 milliards de plus par an dans les soins de santĂ© primaire des pays Ă revenu faible ou intermĂ©diaire, on sauverait 60 millions de vies et allongerait de 3,7 ans lâespĂ©rance de vie moyenne dâici Ă 2030.
â Avec seulement 40 milliards de plus par an, on rĂ©glerait lâaccĂšs Ă lâĂ©ducation pour tous.
â Avec 53 milliards par an pendant 5 ans, on rĂ©glerait le problĂšme des populations qui nâont pas accĂšs Ă lâeau potableâŠ
Lâargent est lĂ , ce sont les choix que nous faisons, ou nos reprĂ©sentants â ce qui revient au mĂȘme â qui ne sont pas bons.
Et pour lâillettrisme ? Euh⊠jây pense, jây pense. Tout le temps.
Photographie : Le coin repas aux couleurs de Mondrian
Lire cette chronique Ă partir du 40e, 30e, 20e, 10e, 1er jour.
10e jour â mercredi 25 mars, livraison de vin
La matinĂ©e commence avec un appel de mon ami M, grossiste en boissons et fin connaisseur de vins. Ses employĂ©s sont confinĂ©s, il travaille seul pour faire des livraisons Ă domicile. Câest lâun de mes lecteurs assidus : il veut que je lui envoie de nouvelles histoires ! En gĂ©nĂ©ral, je ne fais lire Ă mes amis que les histoires qui ont Ă©tĂ© rĂ©compensĂ©es ou imprimĂ©es : jâestime que celles qui nâont pas franchi ce cap doivent ĂȘtre retravaillĂ©es.
Le confinement serait portĂ© Ă 6 semaines ? Je ne peux pas rester aussi longtemps avec ma dent en souffrance ! Suivant les conseils de CB, je tĂ©lĂ©phone Ă mon dentiste (qui ne rĂ©pond pas) puis au Centre Dentaire Mutualiste. Mon interlocuteur mâinterroge et planifie un rendez-vous pour le lendemain matin aux urgences dentaires de Colmar.
On me signale un « concours de circonstance » : 72 heures pour Ă©crire une nouvelle de 8 000 caractĂšres sur le thĂšme « Un peu dâair ». Jâai le texte qui va bien : « Les Ăźles du Salut » que je raccourcis et renomme en « Lâair du large ». Câest ma seule nouvelle qui soit directement inspirĂ©e par mon travail en prison. Elle est en accĂšs libre : https://short-edition.com/fr/oeuvre/tres-tres-court/lair-du-large
Jâai le projet de faire du repassage mais⊠je suis contactĂ© par la revue « Pourtant », intĂ©ressĂ©e par un montage photographique que je leur avais proposĂ©. Je dois refaire le montage, le premier nâĂ©tant pas suffisamment dimensionnĂ© pour une impression sur papier.
Le soir, nous regardons le premier Ă©pisode de la deuxiĂšme saison de « Agent Carter ». La premiĂšre saison nous a bien plu : câest simple et vif comme une bande dessinĂ©e et plutĂŽt fĂ©ministe. TrĂšs bien pour penser Ă autre chose quâau virus !
Photo : LâĂ©tiquette de la bouteille que M nous a offerte pour notre mariage en novembre dernier (il Ă©tait mon tĂ©moin). Ce vin avait le mĂȘme Ăąge que CB et moi !
9e jour â mardi 24 mars, l’illettrisme vu des Vosges
Jâai toujours mal Ă la tĂȘte et aux dents. La douleur est devenue une constante, un phĂ©nomĂšne auquel je mâaccoutume, comme je mâaccoutume Ă la peur du virus et aux contraintes quâil nous impose.
Une collĂšgue mâa fait parvenir par courriel la lettre quâune personne dĂ©tenue a Ă©crite Ă mon attention. Je rĂ©dige une rĂ©ponse quâelle lui transmettra par le courrier interne de la prison. MĂȘme en temps ordinaire, une bonne partie des relations entre Conseillers pĂ©nitentiaires et dĂ©tenus se fait par courrier : nous nâaurions pas le temps de les rencontrer Ă chaque demande de leur part.
Je nâarrive toujours pas Ă dĂ©marrer lâhistoire sur lâillettrisme. Pour ne pas rester sans produire, jâadapte des nouvelles existantes pour les prochains appels Ă textes. Depuis que je me suis mis Ă Ă©crire, en 2018, jâen ai crĂ©Ă© une soixantaine. Si on enlĂšve celles qui ont Ă©tĂ© primĂ©es ou Ă©ditĂ©es, il mâen reste plus de quarante disponibles pour ĂȘtre retravaillĂ©es.
Jâai une pensĂ©e pour Uderzo dont on vient dâapprendre la mort : ma premiĂšre nouvelle Ă avoir remportĂ© un concours, le « Combat des chefs », Ă©tait truffĂ©e dâallusions aux aventures dâAstĂ©rix.
Je croise peu ma fille, qui se confine dâelle-mĂȘme dans sa chambre et prĂ©pare â ou pas â ses examens universitaires.
Je fais une marche en solitaire car CB rentre plus tard que dâhabitude. DĂšs quâelle est lĂ , elle sâoccupe de sa mĂšre⊠au tĂ©lĂ©phone. Nous appelons dâautres amis, dont DN, ma seconde correctrice, toujours en convalescence du Covid-19.
AprÚs le repas, nous regardons le début de « Le diable par la queue » mais CB, fatiguée, va se coucher.
Je retourne Ă mon ordinateur pour allonger une petite nouvelle afin de la prĂ©senter Ă lâappel des Ă©ditions Flatland sur le thĂšme des robots qui ont pris le pouvoir.
Et je reviens Ă lâillettrisme qui, dĂ©cidĂ©ment, me pose problĂšme, peut-ĂȘtre parce que jây suis confrontĂ© rĂ©guliĂšrement dans mon travail.
Photo : au matin, vue sur les Vosges depuis la fenĂȘtre de la salle de bain.
8e jour â Lundi 23 mars, le syndrome du touret
Jâai tellement mal Ă la dent que jâen fais une cĂ©phalĂ©e. La douleur ne fait quâajouter au stress : lâinquiĂ©tude me gagne comme elle gagne beaucoup de monde. Comment cela va-t-il finir ? Nous Ă©changeons beaucoup de messages et dâappels, prenant soin â Ă distance â de nos proches.
Mon appareil photo dort dans un coin. Il me tarde de parcourir Ă nouveaux des paysages urbains. Je vis Ă la campagne, certes, mais câest la ville que jâaime photographier !
Je me remets Ă la nouvelle sur lâillettrisme, sans trouver le fil conducteur. Cela arrive, parfois, que le dĂ©clic ne vienne pas. En gĂ©nĂ©ral, je mâefforce dâĂ©crire quand mĂȘme, me disant que câest lâapprentissage qui continue (cela ne fait que deux ans que jâĂ©cris vraiment et quâune semaine que je le fais Ă plein temps).
Ce soir, nous continuons notre cycle Denys Arcand avec « La chute de lâempire amĂ©ricain ». Nous abandonnons au bout dâune demi-heure : nous nâarrivons pas Ă nous intĂ©resser Ă lâhistoire. Est-ce le film, est-ce nous ?
Photo : un autre coin de notre jardin, avec le composteur et le mirabellier. Il va ĂȘtre temps de rĂ©pandre le compost dans le mini-potager.
7e jour â dimanche 22 mars, CB peint
Mettant de lâordre dans mes messageries, je tombe sur un vieux courriel de ma mĂšre contenant un lien vers le site Radiogarden qui permet de se connecter Ă des milliers de stations de radio, placĂ©es sur la mappemonde. Jâenvoie le lien Ă quelques ami-es : câest du voyage garanti en ce temps dâimmobilitĂ©.
Je reçois un aimable message des Ăditions du Sonneur qui refusent mon recueil de nouvelles sur fond de PremiĂšre Guerre mondiale. Un autre message, de la Galerie de la PrĂ©sidence, contient un lien vers un petit film rĂ©alisĂ© lors de lâexposition Ă©courtĂ©e de Marcel Gromaire au musĂ©e de la Piscine de Roubaix. Nous y Ă©tions invitĂ©s⊠ce sera pour une autre fois. Heureusement que nous sommes allĂ©s voir celle de Honfleur, en novembre dernier !
CB trouve enfin le temps de peindre. Elle est Ă cĂŽtĂ© de moi, en blouse blanche â ce qui ne la change pas du travail !
A la demande de Sylvain Lamur, auteur et anthologiste, je rĂ©dige quelques lignes de prĂ©sentation de ma nouvelle « Le spitzballer ». Je lâai Ă©crite exprĂšs pour lâappel Ă texte « Sports & Loisirs » des Ăditions RiviĂšre Blanche. On y retrouve les Kanamites anthropophages, personnages rĂ©currents dans mes histoires de SF. Je les ai empruntĂ©s Ă Damon Knight (« Pour servir lâhomme », 1950).
Ce soir, nous regardons la suite du Déclin : « Les invasions barbares ».
Photo : lâatelier de peinture de CB et, en arriĂšre plan, son bureau.
6e jour â samedi 21 mars, « Le DĂ©clin de lâEmpire amĂ©ricain »
JournĂ©e grisĂątre. Je stresse. Jâai mal aux dents. Jâai peur. LâĂąge moyen des victimes est passĂ© en dessous de 60 ans, il y en a eu une centaine aujourdâhui. Jâai peur du travail de CB. Jâai peur de ne pas survivre si jâattrape le virus. Je lui en parle, elle essaie de me rassurer en me parlant des prĂ©cautions quâelle prend.
Ce week-end, jâavais prĂ©vu dâĂȘtre comme lâannĂ©e derniĂšre au Salon du livre de Paris. En 2019, câĂ©tait pour la sortie de lâanthologie « Revenir de lâavenir » dans laquelle se trouve ma nouvelle « Au temps pour moi ». Cette annĂ©e, câest Somnambules Ăditions qui devait sortir le recueil « Lâheure des ombres » qui se conclut par ma nouvelle « CrĂ©puscule ». Tant pis.
Je dĂ©cide dâabandonner mon projet de poĂšmes â je ne sais vraiment pas faire de la poĂ©sie â et de reprendre le texte sur lâillettrisme. Je vais mâinspirer dâune nouvelle de Sheckley et essayer de donner un cĂŽtĂ© comique Ă mon histoire.
AprÚs le repas de midi, petite marche avec CB. Il fait froid et il y a du vent. Nous dérangeons deux chevreuils qui détalent à travers un champ retourné.
Plus tard dans lâaprĂšs-midi, je dĂ©cide Ă nouveau de laisser tomber cette histoire dâillettrisme qui me prend la tĂȘte. Mais dâĂ©crire ces quelques mots me stimule Ă nouveau. Le temps presse : câest pour le 29 mars. Or jâai une autre nouvelle, Ă peine Ă©bauchĂ©e, Ă rendre pour le 30 (thĂšme : le fantastique et la mer) et une histoire sur la domination des robots pour le 31 !
Le soir, nous regardons « Le DĂ©clin de lâEmpire amĂ©ricain ».
Photographie : La grenouille thermomĂštre le dit : il fait beau, mais froid !
5e jour â vendredi 20 mars, Macron au bord des larmes
Hier, Macron a fait un discours trĂšs intĂ©ressant. Au bord des larmes quand il remerciait les soignants, dont ses prĂ©dĂ©cesseurs et lui-mĂȘme nâont cessĂ© de casser lâoutil et les conditions de travail, il a effleurĂ© lâidĂ©e que la mondialisation nâĂ©tait pas toujours la bonne solution et que certaines activitĂ©s et productions devraient ĂȘtre relocalisĂ©es et dĂ©-privatisĂ©es. Bien sĂ»r, il nâen fera rien, mais nous, nous pouvons lâobtenir.
Une collĂšgue de CB est passĂ©e la prendre, je dispose ainsi de la voiture pour aller chercher ma fille Ă lâaĂ©roport de BĂąle. Jâen profite pour passer Ă la poste afin dâenvoyer une nouvelle pour un concours â certains organisateurs sont encore rĂ©fractaires aux courriels, jâimagine que ça leur Ă©vite dâĂȘtre submergĂ©s dâenvois de textes rĂ©digĂ©s Ă la va-vite. Je fais aussi quelques courses. Les rayons sont peu garnis, les clients suspicieux et les caissiĂšres inquiĂštes.
Je suis Ă lâaĂ©roport Ă 13h30, avec une attestation pour S et une pour moi. Elle monte Ă lâarriĂšre de la voiture. ArrivĂ©e Ă la maison, elle dĂ©fait sa valise et reprend possession de sa chambre.
Il fait trĂšs beau, les tondeuses sâĂ©brouent dans chaque jardin. Sauf le nĂŽtre, qui ne ressemblera jamais Ă un jardin alsacien !
Je dĂ©cide dâabandonner le texte sur lâillettrisme et, stimulĂ© par le printemps des poĂštes, jâenvisage de faire un poĂšme par jour de confinement pour le concours de Dijon. Jâai dĂ©jĂ trois jours de retard !
Photographie : Un coin de notre jardin. LâhĂŽtel Ă insectes a Ă©tĂ© fabriquĂ© par des dĂ©tenus. Contre le touret repose Markus, une copie rĂ©duite du Mimi du Domaine de KerguĂ©hennec. ConstituĂ© de briques prĂ©levĂ©es dans des usines dĂ©saffectĂ©es de Mulhouse, Markus est le rĂ©sultat dâun projet artistique qui nâa pas abouti (https://sarcignan.zenfolio.com/p348736172)
4e jour â jeudi 19 mars, mal de dent
Appel dâune collĂšgue de la prison. Pour le moment la situation est tenable, mais câest fragile. Pour faciliter la vie des dĂ©tenus, la tĂ©lĂ©vision va ĂȘtre gratuite et le tĂ©lĂ©phone moins cher. Tout le monde est inquiet.
â Les dĂ©tenus voient disparaĂźtre le peu dâoccasions quâils ont de sortir de leurs cellules : travail, cours, entretiens avec les professionnels, parloirs avec les familles. Les murs se resserrent autour dâeux.
â Les surveillants anticipent une montĂ©e en tension alors mĂȘme que leurs effectifs baissent, soit par maladie soit pour garder les enfants.
Je passe la matinĂ©e Ă essayer dâinventer une histoire pour un concours sur lâillettrisme. Le genre imposĂ© est « SFFF » : science-fiction, fantastique ou fantasy. HabituĂ© Ă me compliquer la tĂąche, jâenvisage dâen faire deux versions, une qui se passe pendant la PremiĂšre guerre mondiale sur lâĂźle de la RĂ©union et lâautre sur une petite planĂšte isolĂ©e de lâEmpire galactiqueâŠ
Une molaire me fait trĂšs mal, je mange difficilement, mais je me dis que je peux attendre la fin des 15 jours de confinement avant dâaller me faire soigner.
Photographie : Le tableau oĂč nous mettons les places de concert et de thĂ©Ăątre en attente. Rien que cette semaine nous allons rater Souchon au ZĂ©nith de Strasbourg, Coutin et Margerin au Grillen de Colmar et Personne Ă la Laiterie de Strasbourg.
3e jour â mercredi 18 mars, anniversaire de CB
CB est cadre-formateur dâinfirmiers-Ăšres. Dans le contexte dâengorgement des hĂŽpitaux de la rĂ©gion, elle prĂȘte parfois main-forte aux autres secteurs. Elle ne peut pas aller en service de rĂ©animation oĂč lâon ne prend pas de personnel non directement opĂ©rationnel et va plier des vĂȘtements Ă la blanchisserie de lâĂ©tablissement.
Il fait beau. Jâai changĂ© les draps dans la chambre dâamis qui va redevenir celle de ma fille S : lâUniversitĂ© de Dublin ferme et elle revient vendredi en avion. Elle passera ses examens par Internet.
Au retour de CB, nous faisons notre marche quotidienne, sans les attestations que nous avons oubliĂ©es. En rentrant, jâappelle ma deuxiĂšme correctrice pour une nouvelle Ă envoyer avant le 20. Câest une histoire extraite dâune nouvelle plus longue, dans laquelle je fais se rencontrer Marie Marvingt et Louis Aragon.
CB appelle les diffĂ©rents membres de sa famille. Sa mĂšre est trĂšs malade et pourrait succomber au Covid-19 si elle lâattrapait.
Nous fĂȘtons lâanniversaire de CB avec un repas dâendives braisĂ©es et noix de Saint-Jacques, cĂŽte-de-blaye et moelleux au chocolat. Nous devions aller voir Souchon Ă Strasbourg avec des amis, ce sera canapĂ© devant un Ă©pisode de « Agent Carter ».
Photographie : CB au téléphone avec sa famille, essayant de gérer la situation de sa mÚre qui habite habite à 900 km
2e jour â mardi 17 mars, les Ăditions⊠du Pangolin !
CB part tĂŽt au travail. Ma matinĂ©e commence par un long Ă©change tĂ©lĂ©phonique avec une collĂšgue du Service pĂ©nitentiaire dâinsertion et de probation (SPIP). Elle mâapprend la nouvelle organisation mise en place pendant lâĂ©pidĂ©mie : dĂ©sormais, la continuitĂ© de service sera assurĂ©e Ă tour de rĂŽle par une seule ConseillĂšre. Je peux lâĂ©crire au fĂ©minin : je suis le seul homme du service.
Ensuite, je mets de la musique â jâai ma play-list pop-rock-blues â et attaque le travail « personnel ». CB (qui, en plus dâĂȘtre ma compagne, est ma correctrice de premier niveau) mâa proposĂ© des corrections sur une nouvelle dont le thĂšme est : « tout tenter ». Jâenvoie ensuite le texte corrigĂ© Ă notre amie DN, qui est ma seconde correctrice. Elle est confinĂ©e depuis quelques jours dĂ©jĂ : elle a attrapĂ© le virus et nous la contactons rĂ©guliĂšrement pour prendre de ses nouvelles.
Je continue Ă travailler sur dâautres textes jusquâau retour du travail de CB. Nous sortons marcher une heure autour du village. Il fait beau et froid, venteux. Au retour, je lis mes courriels : ma nouvelle « Casting », sur le thĂšme des violences faites aux femmes, a Ă©tĂ© acceptĂ©e par les Ăditions⊠du Pangolin !
Photographie : Le bureau dâoĂč jâĂ©cris cette chronique est situĂ© dans notre sĂ©jour. Il tourne le dos Ă celui de CB.
1er jour de confinement â lundi 16 mars
Au lendemain dâun superbe week-end en amoureux en Allemagne, le beau temps perdure et je me rends Ă la prison Ă vĂ©lo. Jây suis Conseiller pĂ©nitentiaire d’insertion et de probation (CPIP).
Nous ne nous demandons pas longtemps comment va ĂȘtre gĂ©rĂ©e lâĂ©pidĂ©mie de coronavirus : les premiĂšres directives nationales nous parviennent dans le courant de la matinĂ©e. Je fais partie des personnes identifiĂ©es comme fragiles face au virus, je dois quitter lâĂ©tablissement et rentrer chez moi pour une durĂ©e inconnue.
Cela me met un peu mal Ă lâaise : jâai lâimpression de dĂ©serter alors que nous sommes dĂ©bordĂ©s par le travail â comme toutes les structures, publiques ou associatives, qui travaillent dans le social. Je range mon bureau, fais des adieux embarrassĂ©s Ă mes collĂšgues qui me rassurent : elles prĂ©fĂšrent me savoir Ă lâabri.
Quand CB, ma compagne, rentre en fin de journĂ©e, nous discutons de la situation. Elle travaille Ă lâhĂŽpital de Colmar oĂč la situation est grave : la rĂ©gion est considĂ©rĂ©e comme lâun des deux principaux « clusters » (foyers dâinfection) en France avec lâOise. CB va continuer Ă aller travailler, je me demande si elle ne va pas me contaminer. Jâessaie de rester positif en me disant que je vais pouvoir profiter de cette pĂ©riode pour Ă©crire des nouvelles et progresser dans mes projets de romans.
Photographie : Lâaffiche que nous avons collĂ©e sur notre muret en hommage Ă Higelin nâa pas supportĂ© lâhiver.
Tous les textes et photos de cette chronique sont de Sarcignan, sauf mention contraire pour quelques photos, en général de ses proches, CB ou S. Tous droits réservés, bien sûr ! Vous pouvez contacter Sarcignan via notre formulaire de contact.
Pandémie 2020, vies humaines
revue en ligne
par nos auteurs, photographes et nos invités
18 réponses sur « Foyer de contagion »
đ€Je vais faire tout pareil ! Mince, j’ai 16 jours de retard, ça commence mal, je crois !!!
Merci Xavier, mais va falloir te faire une raison, lâillettrisme, c’est pas ton affaire, dĂ©solĂ©eđ
Vivement, le jour J du poissonđ
Pour l’illettrisme, ce n’est pas terminĂ© : attends les Ă©pisodes suivants !
Ah cool! jâespĂ©rais bien que tu rĂ©pondes ça !
Sarcignan bonjour,
j’ai tout lu, j’ai apprĂ©ciĂ©, je suis maintenant abonnĂ©… donc…
j’attends la suite !
Nous avons des points communs comme le bien-ĂȘtre de la planĂšte par exemple, et… la photographie Ă©videmment. Ă bientĂŽt alors… Jeanpierra
Merci Jean-Pierre !
J’en profite pour rappeler le site de photographie dont tu t’occupes :
https://amavaphoto4363.blogspot.com/
A bientĂŽt pour la suite des chroniques !
Sarcignan
Oh! lĂ lĂ ! Onze jours, sans passer lire ton journal !
Suis trop occupée à confiner!
Toujours effarĂ©e pas la multitude d’ouvrages que tu entreprends en mĂȘme temps, c’est un travail cĂ©rĂ©bral Ă©norme.
Bon, j’ai votĂ© pour tes nouvelles « Au temps pour moi » et « L’air du large » que j’ai bien apprĂ©ciĂ©es +++
J’adore les photos qui agrĂ©mentent ton blog, merci pour celle de C. en mode «j’aime le blanc ».
Allez! continue!!!!
Je vais continuer, oui !
Mais me liras-tu encore dans deux mois ?
Mais que si!
Tu t’es lĂąchĂ© le 28Ăšme jour, tu en avais besoin et ça aura fait du bien Ă d’autres.
Les points sur certains i, quand c’est bien dit… c’est bien!
Je ris (on va pas perdre l’humour tout de mĂȘme !) mais, tous ceux qui ne te connaissent pas, pourraient te trouver bien vĂ©nal Ă tout le temps parler de ta CB đ
Xavier, de mon cĂŽtĂ© ce confinement a Ă©galement un effet positif sur ma ligne, ceci sans autre effort de rĂ©gime qu’une vie rĂ©guliĂšre. J’ai presque retrouvĂ© mon Ă©tat normal perdu fin 2018 dĂ©but 2019.
Gilles, faut-il en conclure que ce que nous vivons est plus « normal » que notre vie d’avant ?
Ou est-ce juste une anormalité différente ?
[…] et des interactions quotidiennes entre nous. Chaque jour arrive un billet de Sarcignan pour son Foyer de contagion, un poĂšme de ValĂ©rie Souchon, qu’elle publie elle-mĂȘme dans ses Confinements (merci […]
Respect Xavier, le boulodrome est super bien nettoyĂ© … j’apporte cacahuĂštes & cochonnet ?
Merci de mettre les « pendules Ă l’heure » (cf) le 1er mai et ce cher Gauguin romancĂ© !! (Je contribue Ă Wiki, 20⏠à NoĂ«l !)
Quant Ă tes revendications, ben j’adhĂšre bien Ă©videment, une certaine justice, quoi !
J’ai adorĂ© vous lire au jour le jour. Mon prĂ©fĂ©rĂ© : le 1er mai. Un journal qui respire la vie Ă plein nez ! Et sans masque.
Merci Valérie
Je trouve pour ma part vos « Confinements » https://www.pourtant.fr/confinements/ tendres et élégants.
Cette légÚreté sans innocence fait du bien !
Merci je prends le compliment ! Bonne continuation !
[…] Sarcignan est toujours confinĂ© ! Il continue ici son journal.Durant le confinement officiel du 16 mars au 11 mai, il a tenu un 1er journal : Foyer de contagion. […]
[…] Foyer de contagion, journal […]
Sacré « coup de gueule » !
BourrĂ© de VĂ©ritĂ©s vraies et de subtilitĂ©s autant que dâĂ©vidences quâil est si important dâĂ©crire⊠euh ! avec ta belle plume, qui ouvre Ă une meilleure comprĂ©hension, il va s’en dire.